Gallimard ; 2012, 382 pages
Le narrateur 87 ans, sachant son temps compté, a tenu un journal réservé à Lison sa fille, dont il a toujours été proche. Ce sera le Journal de son corps : pas de journal intime, quoique raconter et décrire les ressentis de son corps à sa fille, c’est tout de même dévoiler une sacrée intimité. Mais elle le lira lorsqu’il sera mort, donc elle sera indulgente à son égard, voire contente… en tout cas, il se montre certain de lui faire une surprise plutôt heureuse. D’ailleurs, dit-il, si ce journal devrait être rendu public, je le dédierai aux femmes.
Lectorat féminin attendu. Il s’agit bien d’un journal intime et même du plus intime qui soit. Le narrateur va raconter à sa fille comment il s’est masturbé, comment se déroulent ses relations sexuelles avec certaines femmes, sa mère y compris. Il l’épargne, en racontant une relation avec sa mère irréprochable : coup de foudre partagé, mariage d’amour, entente sexuelle merveilleuse durant plusieurs décennies. Rare… mais possible, pourquoi pas ?
Ce récit est sympathique, malicieux, triste et gai, comme toujours avec Pennac. Un poil trop plaisant, et aussi répétitif, ne retenant que le meilleur, vraisemblable pourtant. Les deuils successifs et les souffrances sont bien là, et les détails aussi. Qu’est-ce qui me fait dire que c’est édulcoré ? Quelque chose d’enfantin dans l’expression. (Pennac est surtout bon lorsqu’il écrit pour les enfants). Un vocabulaire correct et précis, une langue soutenue, familière lorsqu’il le faut, des références littéraires judicieuses. Quelques uns des personnages sont bien rendus : Le père du narrateur, sa chère Violette, son petit fils Grégoire. J’aime bien lorsqu’il parle de ces trois-là, et même de Frédéric l’ami de Grégoire, son dernier médecin traitant.
Un corps : il s’agit du ressenti du narrateur par rapport à son corps ; de réalité plus ou moins fantasmée.
Ensemble qu’on lit très vite, en survolant certains récits.