roman glauque pour employer une expression à la mode.
Le narrateur, étudiant, et son ami Fuchs qui appréhende de reprendre son travail dans un bureau d'étude, ont encore deux semaines de vacances devant eux. Arrivés dans un village, cherchant une pension de famille, ils aperçoivent dans les fourrés un moineau pendu à hauteur d'homme. Inquiets et curieux, ils prennent pension dans la maison d'en face et commencent à observer le comportement des logeurs.
Le maître de maison, Léon parle un curieux langage fait de néologismes, fabrique des boulettes de pain qu'il sale et observe à la loupe pendant les repas. Sa femme s'appelle Bouboule. La servante Catherette a un morceau de la lèvre inférieure un peu de travers, suite à un accident : ce morceau de chair semble pendre.Léna, la fille de la maison, est fort avenante mais mariée à un architecte qui parle vraiment très peu.
Bientôt , toutes sorte de signes indiquent aux garçons la route vers l'étrangleur de moineaux Une ligne au plafond qui forme une flèche, un bout de bois dans le jardin pendu au bout d'une corde, un timon dans une cabane qui désigne la chambre de Catherette… dans laquelle il n'est pas normal de trouver un clou enfoncé dans le mur, très bas, et encore moins une aiguille et une lime plantées dans la table…d'autres anomalies se précisent : Bouboule tape de toutes ses forces avec une pioche dans une souche , la nuit .des bruits violents se produisent , chez Léna et son époux, qui cessent dès que le narrateur frappe à leur porte.
Venu les épier par leur fenêtre éclairée, du haut d'un sapin, il voit Léna se déshabiller, pendant que son mari regarde fixement une théière, puis éteint la lumière.
De rage, le narrateur en étrangle le chat de Léna et le pend. Le lendemain de cette nuit funeste, tout le monde cherche le coupable…
On se demande si la famille est vraiment anormale, ou si Fuchs, et le narrateur, ne sont pas en train de délirer, tant de petits faits ont, pour eux, commencé à prendre une sorte de signification.
Alors, Léon décide une excursion commune dans la montagne pour se changer les idées…
Vouloir mettre de l'ordre dans le chaos ou révéler le chaos sous l'ordre apparent ?
A partir du fait étrange de ce moineau pendu, les garçons cherchent à mettre au jour la faille en se repérant dans un dédale de signes et de petits faits qui les obsèdent. C'est un regard d'enfant qui le plus souvent, préside à leurs découvertes.
Qui d'autre qu'un enfant observerait avec intensité un enchevêtrement de lignes et de craquellement dans le plâtre, de taches brunâtres dans l'angle d'un plafond par ailleurs blanc, et y verrait une carte géographique, avec des indices ?
Et qui d'autre qu'un enfant, verrait dans une sorte de ligne zigzagante à un autre plafond….une flèche ?
Qui d’autre repèrerait les petits défauts physiques (un bout de chair de travers), en serait choqué et fasciné à la fois, nous les rendrait obscènes ?
Et qui ‘autre s'intéresserait aux manies langagières et gestuelles du maître de maison ?
Retourné à ces indices de chaos originel, plus vrais que la réalité apparente, les protagonistes jouent sérieusement à détraquer encore plus la réalité : d'abord, dans le langage qui s'affole au point de perdre les notions élémentaires de syntaxe (c’est Léon qui a donné l'exemple), en diverses occasions. Puis de trouver la solution de l'énigme : qui a tué le moineau et donc fera pire ? Peut-on provoquer la catastrophe ou la précipiter ?
Mais il n'y a peut-être une autre façon de voir ? Et si les protagonistes de la maison ne livraient que des indices de folie et étaient loin de céder à la catastrophe que leurs attitudes suggèrent ?
Quelque chose dans l'utilisation d'un lexique concret et obscène, dans le ton, les rythmes, fait penser à plus d'un texte de Rimbaud en vers ou en prose.
Cosmos est un livre dans lequel on s’embarque pour un autre monde….
Pour ce qui est des autres romans de l’auteur : « La Pornographie » doit ressembler à Cosmos, vous tenir en haleine pour ne plus vous lâcher, je compte le lire bientôt.
Ferdydurke, le plus célèbre, je ne peux pas le lire. L’auteur s’y étale complaisamment, avec ce que l’on appellerait aujourd’hui un « ego surdimensionné ».
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