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8 avril 2008 2 08 /04 /avril /2008 23:10

Yoko-Ogawa.2.jpgActes sud Babel, (1995-97)
 

La Piscine : Aya vit dans un institut pour orphelins dont ses parents s'occupent, et elle partage la vie des enfants de tous âges qui  habitent là en attendant une  hypothétique adoption. Elle est très malheureuse, se trouve désavantagée par rapport aux orphelins car elle n'aura jamais la chance d'être adoptée. Manifestement les parents d'Aya n'ont pas su adopter leur fille....

 Elle se distrait à regarder plonger dans la piscine un adolescent de son âge Jun, qui est presque pour elle comme un frère. Elle aime son corps quand il plonge, ses gestes, ses muscles bandés, (il m'est arrivé parfois de vouloir définir la jouissance que j'éprouve au moment où il lève les deux mains comme pour saisir quelque chose dans l'espace avant de disparaître sous l'eau. Mais je n'ai jamais réussi à trouver les mots qui conviennent. Est-ce  parce qu'il s'enfonce dans la vallée reculée du temps, là où les mots n'arrivent jamais ?) ainsi que son humeur toujours agréable.  Jalouse des autres enfants, toutefois elle se plaît à persécuter Rie, une petite fille de deux ans, arrivée depuis peu : la fait pleurer, la fourre dans une grande jarre,( je voulais encore entendre des sanglots de bébés ; je voulais goûter à toutes sortes de pleurs) et finalement lui fait manger une pâtisserie avariée qui la rend très malade. L'originalité de la nouvelle est la façon méticuleuse dont elle décrit sa, perversité, ses sensations de jouissance, distanciée.

Souvent sous forme de questions rhétorique : Est-ce que Jun lui aussi laisse flotter ses muscles en liberté au fond de la piscine comme le fœtus dans le ventre de sa mère ?

 La chute est bonne lorsque Jun le garçon qu'elle chérit physiquement et moralement, tente de la mettre devant ses responsabilités et qu'elle se rend compte qu'il l'observe attentivement lui aussi.

L'Essaim : ce récit est d'une étrangeté totale et assumée. La narratrice se souviens d'une résidence universitaire où elle a vécu. Elle entre en résonnance avec ce bâtiment  lorsqu'elle entend un bruit particulier qui doit presque relever des ultrasons

Pendant que mon esprit remonte vers cette résidence. L'intérieur de ma tête devient tout blanc comme une vaste plaine enneigée et quelque chose résonne faiblement dans le ciel, tout là-haut au-dessus de moi.

En ce qui concerne ce bruit... sa source, son timbre et sa propagation est ambigu, je n'ai plus de mots... j'essaie de lui trouver des comparaisons. Le murmure d'une fontaine en hiver quand une pièce de monnaie tombe au fond en provoquant des éclaboussures ;: le tremblement de la lymphe dans le limaçon tout au fond de l'oreille interne , au moment om l'on descend de manège. ; le bruit de la nuit qui s'écoule à l'intérieur de la paume de la main qui a tenu le récepteur, après le coup de téléphone de l'amant...

 

Des comparaisons originales belles qui rendent le récit aussi poétique qu'effrayant.

Effrayant car la narratrice intervient auprès du directeur de la résidence pour que son cousin puisse y loger. Et le directeur de la résidence est unijambiste et dépourvu de bras. «  Il peut tout faire tout seul... Le matériel pour écrire, la vaisselle ou la télévision étaient disposés à l'endroit le mieux placé pour permettre une utilisation avec le menton, la clavicule et le pied..".

Je crois vous avoir convaincu que Yoko Ogawa,  surtout dans cette nouvelle, autorise le lecteur à faire preuve d'imagination pour se représenter  des scènes troublantes ...

Malgré sa dextérité, l'homme handicapé ne cesse de décliner rapidement, à l'image de sa résidence qui souffre «  d'une déstructuration particulière » ; elle semble se décatir et s'amenuiser à chaque visite ;  on pense à  la maison Usher,et à son triste occupant,  même   si l' assaisonnement est asiatique.

Le dernier étudiant a disparu, que le directeur affectionnait pour ses doigts de la main gauche d'une agilité remarquable, des doigts vivants. Une tache s'élargit au plafond et semble responsable de toutes ces métamorphoses...semble attirer toute chose dans un gouffre profond...

 

La Grossesse : la narratrice st témoin de la grossesse de sa sœur avec qui elle vit, et en relève les bizarreries. Elle finit par souhaiter que cet enfant ne vive pas...le thème me ramène à la toute première histoire...

 

 

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commentaires

S
Ces nouvelles ont une grande valeur esthétique, l'écriture est belle, limpide et les descriptions sont très imagées. La relation de la séance à la piscine, dans la première nouvelle, est particulièrement vivante, et pourtant, je n'ai pas aimé. J'ai rencontré dans cette lecture dépouillée d'émotion, trop de froideur, un manque total d'empathie et surtout un trop grand degré de perversité.
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<br /> c'est vrai et c'est voulu de la part de l'auteur, mais cela ne me gêne pas. Dans ses livres récents, le ton est assez différent notamment " La Marche de Mina" où l'empathie de la narratrice pour sa<br /> cousine et leur amitié est tangible.<br /> <br /> <br />
J
tandis que moi, dimanche, j'ai revu "la piscine", mais c'était celle de jacques deray, avec delon, romy, toute la clique (sighs)
Répondre
<br /> Oui c'est moins original comme piscine. L'adultère, le crime de sang...<br /> <br /> <br />

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