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9 janvier 2007 2 09 /01 /janvier /2007 11:33

2246686113-01--SCLZZZZZZZ-V22204229-AA240-.jpg Le livre de Virginie Despentes mêle les tranches de vie autobiographiques et les réflexions sur la condition actuelle des femmes. Le livre est classé en essai et a beaucoup de points communs avec le « Deuxième sexe » de simone de beauvoir qui est citée en exergue du dernier chapitre « Enfin l’homme représente aujourd’hui le positif et le neutre c'est-à-dire le mâle et l’être humain, tandis que la femme est sexuellement le négatif la femelle ». C’est une digne petite fille de ce Deuxième sexe, un rejeton du début du vingt et unième siècle.

 

Mais plusieurs des citations dans le corps du texte ne sont pas référencées comme sortant d’un livre précis et certains des auteurs cités ne figurent pas dans la bibliographie en fin de volume.

 

« Théorie « est à prendre dans son sens premier de « spectacle » d’ailleurs le titre se réfère à un film célèbre que Virginie interprète à sa façon. Son « Kingkong » vivait sur une île avec une femme la protége et joue avec elle ; c’était un être non sexué et cette vie est présentée comme un paradis perdu. La Chute, c’est lorsque la femme se laisse convaincre de suivre un homme et abandonne son bon sauvage de gorille. Chacun a sa vision du paradis perdu mais il est manifeste qu’en ces temps mythiques les êtres ne sont pas sexuellement différenciés et qu’ils entretiennent une relation fusionnelle.

 
Nous ne vivons pas dans ce monde-là et n’y aurons jamais accès. Rien ne dit que nous le supporterions mieux que l’autre…
 
 
 

Actuellement, on accuse les femmes de n’avoir pas su profiter des libertés octroyées ou prises dans les années 70. Un retour de bâton a frayé le passage au retour de la virilité comme valeur avec ses conséquences fâcheuses. Virginie Despentes analyse le phénomène.

 

On essaie de relancer la natalité en glorifiant la maternité, sans se soucier que dans les conditions économiques actuelles elle est une épreuve plutôt qu’un épanouissement pour les femmes des classes moyennes et défavorisées (auxquelles V D s’adresse).

 

La partie autobiographique concerne le viol subi par l’auteur et son amie à l’âge de 17ans au cours d’un voyage en stop. Cette partie est éprouvante et vise juste : « ils font semblant de ne pas savoir exactement ce qui se passe ; parce qu’on est en minijupe une cheveux verts l’autre orange, forcément on baise comme des lapins, donc le viol en train de se commettre n’en est pas un… aucun de ces trois types ne s’identifie comme violeur ».

 

Dans notre société les hommes violent davantage depuis qu’ils ne sont plus à la guerre. A la guerre, les viols collectifs font partie de la conquête et sont justifiés. En temps de paix les hommes devraient être davantage culpabilisés ou freinés n’étant plus soutenus par une organisation criminelle et légale. Mais il n’en est rien !

 

Qui plus est la femme qui se fait violer,non seulement est accusée de l’avoir cherché, mais doit « éprouver un traumatisme » fuir les hommes, se sentir dégoûtée du sexe ( « série de marques visibles à respecter ») . Virginie a choisi d’assumer le viol comme « un risque à prendre » de ce qu’il faut s’attendre à endurer si l’on est femme et qu’on veut s’aventurer à l’extérieur.

 

V D a vécu le masochisme féminin inscrit au cœur du programme culturel réservé aux femmes « dans la morale chrétienne mieux vaut être prise de force que prise comme une chienne ».

 

Ce viol, et le désir d’y survivre, l’a menée à pratiquer la prostitution. « C’est le viol qui fabrique les meilleures putes. Une fois ouvertes par effraction, elles gardent parfois à fleur de peau une flétrissure que les hommes aiment quelque chose de désespérée de séduisant. Le viol est initiatique. Il est au cœur de notre sexualité. Rituel sacrificiel central ».

 

De son expérience de la prostitution, elle dit qu’elle ne l’a pas vécue mal ( elle travaillait de façon indépendante) et y a pris du plaisir de diverses façons, elle s’est dédommagée du viol par cette pratique, a eu l’impression d’exercer une certaine puissance une domination sur les hommes. Ils lui sont devenus sympathiques.

 

Lors du retour à la vie dite « normale » tout se complique ; sans le motif de l’argent, elle se demande toujours pourquoi elle le fait et si elle en a vraiment envie.

 

« Le mariage c’est de la prostitution légalisée, un marché ou la femme s’engage à effectuer un certain nombre de corvées assurant le confort de l’homme à des tarifs défiant toute concurrence notamment les tâches sexuelles ».

 

Simone de Beauvoir l’affirmait aussi dans le « Deuxième sexe »,elle montrait des interrogatoires d’hommes amenés à dire pourquoi ils se mariaient ; la plupart d’entre eux répondaient « c’est pour avoir le bordel à la maison tous les soirs ». Nous étions en 1948…

 
 
 

Virginie Despentes a toujours vécu dans la société du spectacle Elle se débrouille avec. Elle nous démontre que rien n’a changé concernant l’assujettissement des femmes.

 

Simone de Beauvoir disait « on ne naît pas femme on le devient » VD pourrait dire « on ne naît pas femme on doit jouer ce jeu plus ou moins bien » ; elle montre comment elle l’a joué plus mal que bien d’autres (c’est ce qu’elle espère).

 
 
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commentaires

M
le paxage avec des êtres cibernétique n'est pas encore d'actualité !!!<br /> Voilà ce qu'on m'a répondu...<br /> <br /> Je soulève le débat !!
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Quand je parlais d'une souris c'était une  métaphore, pas cette chose avec quoi vous vous déplacez sur un écran. Paxage = pax ( faire la paix) sinon  c'est le pacsage et le pacsage c'est pas toujours si sage que l'on croit.Bonne soirée m'sieu chat.
M
Et il y en a encore pour se demander pourquoi je ne veux pas me marrier !!<br /> ihihih
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Monsieurchat voyez donc si vous pouvez vous paxer avec la souris !

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  • : Comptes rendus de mes lectures avec des aspects critiques + quelques films de fiction Récits de journées et d'expériences particulières Récits de fiction : nouvelles ; roman à épisodes ; parodies. mail de l'auteur : dominique-jeanne@neuf.fr
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