(Seuil-Policier)2011
Titre original the Master of The Delta 2008
Dans les années 50 à Lakeland, petite ville du Mississipi, Jack Branch, fils d’un riche propriétaire des environs, enseigne l’anglais au Lycée de la ville. Ici nous dirions qu’il s’agit d’un établissement scolaire classé en ZEP. Il est fréquenté par des jeunes gens du quartier des Ponts, qui vivent dans une extrême précarité. Pour les intéresser, Jack a l’idée de faire un cours sur « le mal » afin d' en préserver, ce public à risques. Le mal est une notion qui d’abord a un sens en philosophie et en religion. Jack ne peut aborder le mal de cette façon avec les adolescents. Comment fait-il ? Et bien, il va donner des exemples concrets pris dans l’Histoire. Des exemples frappants tels que Jack l’Eventreur, le radeau de la Méduse, des cas de torture diverses. Il n’évite pas le sensationnalisme et, à l’opposé de ce qu’il voudrait, cela se résume à donner des cours de morale au premier degré.
Les élèves sont tenus de faire un devoir de fin d’année centré sur un personnage historique ou fictif qui serait l’incarnation du mal.
L’un de ces élèves, Eddie Miller, a eu un père criminel connu sous le nom du « tueur de l’étudiante ». Ce garçon tâche de passer inaperçu.
Un incident se produit, la disparition d’une élève, et Jack fait un faux témoignage contre Eddie, se rendant compte que lui aussi, involontairement, le considère comme suspect !
C’est un peu pour se racheter qu’il lui propose d’enquêter sur son père ! Curieuse idée… toutefois Eddie prend la proposition au sérieux, montre des dispositions pour l’écriture et l’investigation, intéresse tout le monde, y compris le vieux papa déprimé de Jack…
La narration est alternée ; nous passons d’une époque à une autre, Jack vieillissant se souvient et réfléchit, il met en scène un moment de cette éprouvante année scolaire, ou un autre, un procès qui suivit, des rencontres ultérieures liées au drame de cette année-là . Le récit passe avec fluidité , sans prévenir, d’un pan à l’autre de l’histoire, mêlant dialogues, narrations, citations d’auteur ( le père aime parler par citation ce qui fait penser à celui des Liens du sang), prose d’Eddie Miller sur son père… d’où une narration variée que l’on suit avec intérêt . Il n’y a pas pour autant de vrai suspens, nous savons très vite ce qui est arrivé ( mais pas le « comment »).
Un ensemble intéressant où Jack aurait pu s’interroger davantage sur les implications d’un cours sur le « mal » et la façon de le mettre... à bien.