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18 décembre 2012 2 18 /12 /décembre /2012 10:47
  Dans quelque station balnéaire reculée, sinistre et sale, une certaine baie des Cochons, «  Ils » avaient planqué des fusées prêtes à propulser leurs bombes, gorgées  d’une  mystérieuse substance  destructrice, auprès de quoi la nitroglycérine n’était que du pipi de chat.

 Si loin fussent-elles, dès l’attaque, nous serions carbonisés illico. La fission de l’atome dégageait une chaleur stupéfiante, comme si le soleil nous tombait sur la tête. Nous serions tous désintégrés en même temps que l’Atome. Inutile de faire brailler le tocsin, vain de jouer la sonate d’alarme en ut majeur.
 
 Les « abris anti-atomiques » étaient réservés aux riches et aux puissants. Les jeunes de milieux modestes avaient encore moins de chance d’intégrer ces retraites souterraines que  les nantis. Et ils auraient eu tort de s’en plaindre car les possédants, avec leurs vivres étoufferaient, coincés dans leurs caves de béton. Même le grand costaud qui aurait survécu le dernier après avoir bouffé son précédent semblable et l’avoir fait durer plusieurs lunes devrait s’avouer vaincu. Pas question de mettre le nez dehors avant plusieurs décennies sans brûler vif …La fin du monde  aurait des allures démocratiques.

 
    Au fromage, mon grand-père athée découpait la tome grise, puis la blanche, et prenait une voix de prédicateur pour annoncer avec emphase que la guerre atomique, c’était si terr-rible, que perr-sonne n’oserr-ait jamais appuyer sur le funeste bouton.

 Car l’on ouïssait dire  qu’il suffisait d’appuyer sur un vulgaire bouton, comme pour donner la lumière dans une pièce ! Chaque fois que je pressais un commutateur, si la lueur venant du plafond faiblissait et qu’un grésillement se faisait entendre, pas de doute, c’est que le terrible processus était en marche…Au secours !
 

Les petits matins de frimas, j’accusais le brouillard hivernal d’être un champignon atomique et m’étonnais d’être encore de ce monde et d’avoir froid.
    Penchée sur mes devoirs de classe, à la nuit tombante, j’entendais des bruits terribles, un raclement, un martèlement : j’avais beau savoir que la catastrophe en question serait muette (Atome atonal) je sursautais : que se passe-t-il ?
Voyons, protestait ma mère, ce n’est que la concierge qui sort les poubelles !
 Demain, serons-nous encore en vie ?
« Il faut prier.» conseillait ma mère.
Dieu nous laisserait-ils mourir si vite ?
 Et le spectacle final, les anges, les trompettes, la Bête, aurions-nous le temps de le contempler à l’aune d’une fin si prompte ?
 

   Puis la guerre froide tiédit, et l’on s’accoutuma à l’idée que la bombe siégeait en attente dans quelque lieu maudit, d’autant plus que les nations devenaient de plus en plus performantes en matière de fabrication d’armes de destruction massive, et qu’elles devenaient de plus en plus nombreuses à en posséder ; l’anxiété se banalisait, l’imagination s’émoussait.
Bientôt La Bombe atomique ne fit plus parler d’elle.
On ne s’occupa plus que des bombes sexuelles. 

Le fantasme de fin du monde s'orienta vers le nucléaire civil, ce furent les seventies. Bien sûr la collision d'un astre quelconque avec la Terre tenait toujours une place de choix.

L'apocalypse est une mise en scène supe-rintéressante!




Vous avez tout lu?

Félicitations! voilà en récompense et complément d'information

 

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17 décembre 2012 1 17 /12 /décembre /2012 21:45
J’avais huit à dix ans : il était toujours question de la guerre.
 La troisième guerre mondiale.
 Ce ne serait pas n’importe quel conflit armé, circonscrit dans quelques lieux assaisonnés de sang.
 Ce ne serait pas des fusils, des baïonnettes, des tanks et des chars d’assaut.
Ce ne serait pas des commandants des capitaines et des pauvres conscrits sacrifiés comme chair à canon ou héros de la patrie.
 Ce ne serait rien d’aussi humain.
 Ce ne serait rien de semblable à des pleurs, ni à des cris.

 Non : un monstrueux nuage blanc d’une consistance rare, consumerait sans la moindre flamme et en quelques secondes la totalité des êtres vivants qui étaient assez malheureux pour habiter la planète Terre. Il était connu cet incommensurable cumulus sous le nom de « champignon atomique. »e".

 Nul n’en réchapperait. Ni les Communistes (de qui c’était la faute), ni les Américains (tellement irresponsables) ni les Européens (tous victimes, tous complices), ni les Africains (si naïfs avec leurs danses de la pluie et du ventre) ni les Chinois (plus rouges que jaunes), ni les Tahitiens (déjà rongés par la syphilis sous leurs palmiers), ni même les génies de la grimpette qui progressaient à huit mille mètres pour coiffer le toit du monde (ils seraient refroidis.)
 La mondialisation, déjà, opérerait.
Hiroshima n’avait été qu’un modeste hors d’œuvre.
    Le soir venu, à la soupée, la bombe s’appropriait toutes les conversations. Ma mère psalmodiait son effroi. On en avait encore parlé au poste. Tous ces chefs d’état qui ne pensaient qu’à se taper sur la gueule ! Des fous ! C’était pourtant pas difficile d’être raisonnable : Y’avait qu’à nous voir !
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