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19 février 2009 4 19 /02 /février /2009 23:26

Manuela est mère célibataire.  Son fils,Esteban, qui atteint la majorité légale,  a écrit  le brouillon d'un roman qui s'intitule " Tout sur ma mère"...En fait  c'est de son père qu' Estéban veut tout savoir, son père qu'il ne connaît pas, et Manuela hésite à lui en parler.


Ils regardent un film à la télévision, un film de Manckiewicz " Eve". l'histoire d'une actrice peu scrupuleuse qui va se faire voler la vedette par une jeune...



Manuela emmène Estéban voir « Un Tramway nommé désir » pour son dix-huitième anniversaire. Elle a joué autrefois le rôle de Stella et le père d'Esteban  était l'époux. Ils étaient couplés dans la vie aussi et l'on suppose que leur séparation est due à l'arrivée d'une femme comme dans la pièce.

  Ce sera une façon détournée de lui parler de son père. Ou peut-être une introduction...

Mais Esteban ne saura rien de plus.

Après la pièce, il se précipite pour demander un autographe à Huma qui jouait le rôle de Blanche, la femme nymphomane, et se fait renverser par une voiture. Il meurt.


Manuela retourne dans la ville où elle a conçu Esteban et mené sa vie avant lui. Le père du garçon défunt, comédien, est devenu travesti, se fait appeler Lola et vit avec un autre transsexuel, Agrado. Lorsque Manuela arrive chez eux, Lola a fui avec l'argent du ménage !


En le cherchant, Manuela rencontre une jeune religieuse que Lola a mise enceinte (Penelope Cruz)la ramène dans l'appartement qu'elle a loué, et s'en occupe. La jeune Rosa est séropositive et mal en point. Manuela va recueillir l'enfant de Rosa, qui meurt à l'accouchement.

Manuela s'occupe aussi de la pièce Un Tramway nommé désir, devient l'habilleuse de Huma, vedette de la pièce.

Le bébé de Rosa et Lola, bien que conçu par un couple contaminé par le sida, reste séronégatif. Manuela l'appelle Esteban, comme son fils mort et va l'élever : elle aura l'occasion de le montrer à Lola avant que celui-ci ne meure.


Le fil directeur semble être une quête et un souci de filiation. Laquelle s'avère dangereuse et ardue. Le besoin pressant d'Esteban de savoir ses origines paternelles le conduit à la mort. C'est à l'actrice qui joue l'héroïne perturbée qu'il va demander un autographe.


La quête de Manuela la  mène vers ce père problématique, devenu " Lola", et  elle ne le contactera vraiment que pour lui annoncer à la fois la mort de son premier  fils et  la survie de son autre progéniture en excellente santé. Les pleurs de Lola qui n'a plus guère à vivre, et apprend qu'il a une descendance, sont un beau moment de cinéma. On se rappelle aussi que dans " De chair et d'os", le film débute et se clôt sur une naissance. 

La façon qu' a Almodovar de mettre en scène des transsexuels, et d'une manière générale des personnes à la sexualité indécise, est sublime. On adore Lola, comme on aimera plus tard le pathétique  héros de la "Mauvaise éducation".


Pénélope Cruz est ici une jolie jeune fille complètement perdue, qui deviendra une jeune femme épanouie dans " Volver".

 

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6 février 2007 2 06 /02 /février /2007 21:54

Parle-avec-elle.gifLe troisième opus d’Almodovar  qui a retenu mon attention( " Parle avec elle", film sorti en 2002), met en scène des couples hommes/ femmes.

Deux couples suivent des destins  séparés qui vont se rejoindre.

 Veuf de sa mère, Benignio  se réconforte   en suivant par sa fenêtre les évolutions d’Alicia, qui prend des cours de danse dans un local en face de chez lui. Il  la suit dans la rue, fait des avances répétées. Contrariée, elle traverse une rue trop vite et se fait renverser par une auto.


Marco, journaliste, interviewe une autre danseuse, Lydia, qui se produit dans les arènes aux côtés des taureaux.  Marco et Lydia entament une liaison houleuse. Troublée, Lydia est victime de la bête.


Les deux femmes tombent dans  un coma profond.

 L’accident met fin à la liaison de Marco et Lydia, tandis que celle de Benignio et Alicia commence.

Devenu son infirmier, Benignio s’occupe d’elle enfin et en priorité ; la nettoie lui enduit le corps de crème… non seulement il lui parle ( titre) mais il ( se ) lui répond.

Il parle à Alicia de ce qu’il croit savoir lui plaire, lui raconte en détail le film muet qu’il a vu,  l’Amant qui rétrécissait ; ce film dans le film est aussi d’Almodovar : un homme qui a pris un breuvage de drogues devient semblable à Gulliver, escalade les mamelons d’une géante, entre dans son sexe pour y passer le reste de son âge.

Dans la chambre contiguë, Marco reste prostré devant  le corps inerte de la belle torera. A observer Benigno au service d’Alicia, il ressent curiosité, répugnance, admiration. Benignio est un homme heureux : «  Alicia et moi, formons un couple parfait »

Le couple idéal : jamais la moindre querelle…

Dans les arts   de l’image, l’attrait pour le corps inanimé est une évidence et il a suscité de très belles œuvres. Mais lorsque je cherche à me repasser le film, je n’ai qu’un vague souvenir d’Alicia .

Lorsque la belle au bois dormant se réveille, Benignio n’est plus à son chevet. Son infirmier lui ayant fait subir quelques sévices, elle a fait une fausse couche, et il a été interné. On ne saura jamais ce qu’elle en a perçu ou conclu. Alicia n’a pas la parole.

 Le film est, dans une première approche,  une variante radicale du « sois belle et tais-toi ». C’est un penchant typiquement masculin : que pourrait faire une femme d’un homme dans le coma, je vous le demande !

On laisse entendre que Benignio a vécu un grand amour, qu’il a sauvé Alicia, et en est mal récompensé ! Marco, devenu son ami, se sent coupable de la mort de Lydia parce qu’il n’a pas eu les « qualités nécessaires » pour supporter le corps comateux et s’entretenir avec lui !

  

Le vrai message du film ( Almodovar l’a pressenti…mais en est-il conscient ?) c’est que l’on ne peut s’adresser à un interlocuteur en disant « tu » sauf à passer par soi-même, et que l’interlocuteur fait toujours le mort ; cette situation de communication entre Benignio et Alicia gisante est le lot quotidien que vit chacun de nous.

Ce qui fausse le jugement du spectateur c’est que cette situation est ici présentée comme exceptionnelle alors qu’elle est commune.

 
 
  
 
 
 
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4 février 2007 7 04 /02 /février /2007 22:30

La-Mauvaise---ducation.jpg La critique a opposé les deux derniers films d’Almodovar ; Volver met en scène le monde féminin, la mauvaise éducation celui des hommes.

   Les femmes dans Volver sont des ménagères de choc, astucieuses, héroïques.

 Qui sont les hommes dans la Mauvaise éducation ?

Des artistes


   Les années 80 sont difficiles pour Enrique, cinéaste en mal d'inspiration, qui découpe des articles de journaux morbides à la recherche d’une  idée de film ;il reçoit la visite d'un acteur barbu, son ancien ami d’internat, Ignacio,  qu’il n’a connu qu’imberbe et prépubère.  Ignacio lui  propose sa nouvelle, «  La Visite » qui, dit-il, s'inspire de leur jeunesse dans le collège, et dont Enrique pourrait tirer  un scénario,  ainsi que sa personne, pour jouer dans le futur film.

Enrique commence à lire d’où s’ensuivent  deux flash-back : l’un porte sur Ignacio devenu transsexuel et actrice sous le nom deZahara, dans les années 70,  et qui drague un jeune homme saoul après une représentation  (c’était lui, Enrique, mais il ne l’a pas su) ; Zahara fait chanter le père Manolo qui, jaloux, s’est interposé entre Enrique et Ignacio au collège. L’autre flash-back nous entraîne dans les années 60, au collège, et met en scène le trio amoureux.

Très ému, Enrique fait revenir Ignacio-Zahara,  en vue d’une poursuite de leur relation amoureuse autrefois interrompue et d’une collaboration artistique. Mais Ignacio et lui ne s’entendent pas aussi bien que prévu. Intrigué, Enrique lui fauche son briquet où figure le nom de son village natal et s’y rend : des surprises l’y attendent.


 

Les nombreuses intrigues rebondissements, dévoilements de  faits occultés qui en dissimulent toujours d’autre,  sont un atout ; le film ne nous ennuie pas.

 La temporalité est morcelée, porte sur plusieurs tranches de vie, alterne sans cesse entre passé et présent,  l’exercice de virtuosité est assez réussi.

La beauté plastique de certaines scènes peut séduire : le personnage de Zahara domine la distribution, burlesque, tragi-comique, émouvante. Gaël Bernal qui joue ce rôle (et deux autres fort différents) est excellent.

  Les amours enfantines sont d’une facture plus classique mais  on apprécie  la voix superbe  d’Ignacio enfant en train de chanter. Le match de football entre  les collégiens est filmé d’une façon passionnante.

En dépit du titre, on n’assiste pas à une charge contre l’éducation dans les collèges religieux. Les amours enfantines, rendues possibles par la concentration en internat  catholique, sont magnifiées. Le personnage du père Manolo  dépasse en  complexité le rôle du pédophile pervers.  Tous les rôles  sont ambigus.

Le message du film  semble assez banal mais on peut y souscrire; il rend hommage à la beauté, et à l’art, (l’art entendu comme une somme d’artifices bien arrangés) qui seuls rendent la vie supportable.

 
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23 janvier 2007 2 23 /01 /janvier /2007 23:45
Volver.jpgJ’entends dire ici et là que c’est le film de l’année 2006.
Alors …j’y cours.
 

Un cimetière dans la banlieue de Madrid des femmes astiquent les tombes de leurs époux. Contrairement à leurs condisciples, Raimonda et Soledad font le ménage de celle de leur mère disparue dans un incendie quatre ans plus tôt. Raimonda est grande et pulpeuse Soledad triste et simplette. Elles se font aider de Paula, fille de Raimonda, adolescente de quatorze ans.

Augustina, cancéreuse, voit sa mort venir, et  nettoie sa propre tombe. Elle aussi regrette la disparition de sa mère «  la seule hippie » du village.

 

Les trois femmes vont rendre visite à tante Paula, qui a recueilli Raimonda enceinte lorsque sa mère ne voulait plus d’elle. Quelqu’un  prend soin   activement de la vieille dame on ne sait qui. On croit à un esprit. Ce fantôme s’occupe des rentrées d’argent de la vieille, de sa santé, et de la sienne propre. Il fait du vélo d’appartement.

Raimonda  a un mari bon à rien, Paco, tandis que Soledad, célibataire,  est coiffeuse à domicile. Alcoolique, porté sur les violences sexuelles, Paco  tente de  s’en prendre à Paula  qui le tue avec un couteau de cuisine.

Raimonda considère  ce drame avec  le pragmatisme et  l’énergie qui lui sont habituels. C’est un problème domestique difficile à gérer mais elle va s’en tirer ; lavage du corps, transport de celui-ci dans le frigo du restaurant  dont elle possède les clefs ayant accepté de surveiller l’endroit en l’absence du propriétaire. Puis transport en camion avec une voisine complice ; toutes deux creusent avec un entrain de terrassiers une tombe dans un sous-bois, à un endroit que Raimonda désigne comme significatif et sur lequel on en saura davantage plus tard.

Enterrement du congélocercueil.

Le fantôme qui s’occupe de la vieille  Paula lui  survit  et se rend chez Soledad, se faisant transporter clandestinement dans son coffre de voiture : terreur de la pauvre femme ; l’esprit ressemble comme un frère à sa mère défunte et revendique cette identité sans dire pourquoi il est revenu hanter les lieux. Soledad la voit boire manger s’habiller lui fait une coupe et un brushing la prend à son service… mais le fantôme craint et espère rencontrer sa fille Raimonda avec qui elle doit s’expliquer à propos de graves secrets familiaux qui ont contraint la mère à disparaître…

Raimonda ouvre le restaurant pour reprendre du service et assurer les repas d’une équipe de tournage. Le soir c’est la fête et elle chante «  volver » une chanson inspirée d’un tango que sa mère lui fit autrefois chanter à l’occasion d’un radio crochet qui malheureusement ne lui valut pas d’être embauchée. Pendant ce petit récital émouvant le « fantôme » en pleurs de la mère l’écoute au loin…


 

Cette comédie dramatique  est moins sophistiquée que « La Mauvaise éducation ».

L’intrigue est simple, on devine très vite de quoi il retournera.

La présence d’un fantôme laisse espérer une atmosphère fantastique mais l’esprit ne terrifie que la pauvre Soledad. 

La plongée frontale brusque sur les seins généreux de Pénélope Cruz en train de laver  la vaisselle ainsi que son interprétation que l’on a comparée aux meilleures actrices italiennes défuntes  ont  fait l’admiration de la critique.

 Je ne la trouve pas érotique le moins du monde.

Voilà une société de femmes où les hommes sont tous des violeurs incestueux abrutis alcooliques criminels : les femmes doivent faire leur justice et éliminer ces crapules.

Hélas, rarement aussi simple que cela !
Du moins ces femmes délurées et débordantes d’énergie contredisent-elles cette fameuse « décadence » que l’on continue de déplorer en occident.
 
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