Gallimard, 2017, 485 pages titre original The Muse
Londres 1967 ; Odelle, venue de Trinidad travaille dans un magasin de chaussures ; elle en souffre car elle possède un diplôme d’enseignement supérieur et s’essaie à l’écriture. Elle souffre aussi du racisme, son origine et sa couleur de peau l’on reléguée à cet emploi subalterne qu’elle exerce depuis plusieurs années…
Sa candidature au Skelton ( une galerie d’art) est acceptée par la directrice Marjorie Quick , une femme étrange qui semble avoir des secrets. Odelle devient dactylo ; un jour un jeune homme Lawrie Scott se présente, muni d’un tableau que sa mère, récemment décédée lui a légué. La toile (une huile) représente » d’un côté, une fille tenant la tête sans corps d’une autre fille entre ses mains, et de l’autre, un lion, assis, hésitant à bondir sur cette proie. « Le décor est pastoral jaune et vert, le ciel indigo, en arrière-plan on aperçoit un genre de petit château blanc.
Ensuite, nous sommes propulsés en 1936, en Andalousie : la famille Schloss fuyant l’Allemagne nazie s’est réfugiée dans une demeure qu’elle loue à un certain don Alfonso ; Harold le père vit du commerce de l’art, de plus en plus mal, la mère Sarah se contente d’être belle et dépressive, la fille Olivia peint en secret. Elle sait qu’elle a du talent, mais ne peut pas imaginer qu’en tant que femme, ses tableaux puissent intéresser.
Deux enfants naturels d’Alfonso, Isaac et Tereza leur servent de domestiques. En fait, ils sont aussi des amis de la famille. Le jeune Isaac devient communiste, d’autant plus que l’Espagne, dans une situation instable, va devenir franquiste…
Dès lors nous suivons en alternance les deux histoires celle de 1967, et celle de 1936 ; le tableau mystérieux, et ceux qui en sont proches sont l’objet d’une quête et d’une enquête de la part d’Odelle.
C’est le récit de 1936 qui est le plus percutant ; et me plaît le plus. Les événements de 1967, semblent avoir été conçus pour mettre en valeur le devenir du tableau et des survivants de cette terrible époque. Il est certain qu’Odelle et Olivia sont jumelles par delà les époques et les lieux : toutes deux sont artistes et ont des difficultés à se mettre en valeur.
Pourtant les deux histoires n’ont pas le même intérêt à mes yeux. Surtout, je ne suis pas satisfaite du sort réservé à Marjorie Quick, et le personnage du jeune Lawrie semble bien fade.
Le roman reste intéressant dans l’ensemble, la légende de Rufina et Justa bien mise en perspective, et les protagonistes du drame andalou font un beau roman. Bien sûr je me suis demandé à quoi pouvait ressembler le tableau et ceux dont il est question dans le roman et qui ont le même sujet. En fait le tableau n’existe pas de la même manière que Miniaturiste, toutefois les tableaux dont l’auteure s’est inspirée sont très intéressants.
Voici un lien menant à un blog sur l'art , dans lequel on parle du roman de Jessie Burton, et où l'on trouve diverses peintures qui y sont rattachées : :https://americangirlsartclubinparis.com/2016/08/24/the-muse-by-jessie-burton-an-artists-view/
Tout le blog est intéressant, d'ailleurs...
Et la Rufina de Vélazquez , merveilleuse…