Zulma, 2016, 218 pages.
Nous sommes en 1932, et le jeune Georg Amberg se réveille dans un hôpital à Osnabrück ; il sort du coma, est blessé et pansé ; lorsque ses souvenirs reviennent il se rappelle avoir été touché par une balle de revolver dans le petit village de Morwede en Westphalie. Georg s’entretient avec une infirmière qui lui dit qu’il est là depuis 5 semaines et qu’on est le 2 mars… qu’il a été renversé par une voiture devant la gare ; mais bien que Georg soit encore embrumé, il n’a pas du tout les mêmes souvenirs … il retourne dans son passé…
Il vient d’obtenir son diplôme de médecine et s’ennuie à Berlin ; il est à vrai dire amoureux d’une étudiante qui travaillait au labo avec lui, mais elle a disparu et il la cherche partout dans les bars. La belle s’appelle Callisto, mais on l’appelle…Bibiche ( ne me demandez pas pourquoi…)
Le baron Von Malchin, qui connaissait son père, embauche Georg pour exercer dans le petit village de Morwede en Westphalie. Son premier poste de médecin !
Mais il je ne me suis pas arrêté à la gare d’Osnabrück se dit-il ! Aucune voiture ne l’a percuté. Il est arrivé à destination, et très vite s’est rendu compte que le baron Von Malchin préparait une curieuse potion dans son labo, à base de parasite du blé. La neige de Saint-Pierre. Une drogue dont il comptait faire un usage spécial…
A vrai dire, Georg ne se serait pas autant intéressé aux préparatifs du baron s’il n’avait trouvé là-bas la fameuse Bibiche, passionnée elle aussi, un peu par notre infortuné narrateur, et davantage par la fabrication de la mixture, plus quelques autres personnages étranges, difficiles à cerner.
Mais pourquoi, dans cet hôpital, nie-t-on ce qui est réellement arrivé ? En précisant ses souvenirs, Georg ne va pas tarder à le savoir.
Cette « neige de Saint-Pierre » me fait penser à l’ergot de seigle, qui fit des ravages dans certaines populations et que l’on baptisait « le Mal des ardents « ; il fut plus destructeur encore que la mixture du baron…
Ce récit est astucieusement rendu : Le narrateur se réveille à l’hôpital, cherche à attraper ses souvenirs un à un, dans le plus grand désordre, à la fois exalté, désemparé, encore amoureux… et entouré de personnes un peu glauques ( sauf ce brave curé à qui je donnerai la médaille de la sagesse !) . Comme dans le récit précédent ( le Cavalier suédois) , on goûte un mélange de drame et d’humour très noir.