Ce sont trois adverbes, que l’on prononce plus souvent en manière d’antiphrase pour se débarrasser d’un gêneur, ou indiquer poliment qu’on n’en peut plus
Alex (Gilbert Melki), écope d’une amende pour avoir fumé dans le métro et trouve insupportable de se faire vérifier l’identité par des agents de la sécurités brutaux et insolents.
Deux jours plus tard, il apprend que son meilleur collègue est viré parce qu’il coûtait trop cher à l’entreprise et comprend à des remarques anodines que c’est bientôt son tour.
De retour chez lui, il assiste à un contrôle d’identité pour délit de faciès, et reste sur les lieux à observer, sans rien dire, ni faire : il est illico emmené au commissariat par deux policiers et inculpé d’outrage à agent… de fil en aiguille son « cas » s’aggrave … et prend une tournure irrationnelle et plausible à la fois.
Il y aura une sorte de happy end, très ironique auquel on n’arrive pas à croire.
Un film sobre, angoissant, et qui nous emmène dans les lieux et les circonstances où se trouvent entravés la grande majorité des citoyens qui subissent les assauts d’un appareil répressif, créant avec une sobriété ironique un climat d’absurdité. Le métro, souvent bondé où deux qui marchent ensemble, n’arrivent pas à se rejoindre, les voitures qui n’en finissent pas de se succéder, la foule silencieuse groggy abattue de tous les soirs, l’hôpital où l’on attend des journées entières sans connaître son sort, les salles d’attente multiples ; on attend une éternité le DRH qui vous a convoqué mais ne vous reçoit pas ; le médecin fantôme qui doit vous renseigner sur la disparition d’un être cher dans l’énorme machine, et vous fait signer un texte de formalités administratives que vous croyez être un laissez-passer pour la libération et qui est en réalité un placement d’office en HP. La salle commune où les détenus fument pour tenter de tuer le temps. Des espaces vides, immenses, glacials.
A la maison, ça ne s’arrange pas : vous récitez pendant des heures des phrases d’anglais devant votre téléviseur essayant d’imiter une voix artificielle, à en devenir fou…
Béatrice, femme d’Alex, est conductrice de taxi. Les clients se succèdent, anxieux, sans un sou, perdus, affolants et affolés.
Sandrine Kiberlain, au visage en lame de couteau, tout ensemble déterminée, et égarée compose un rôle intelligent et subtil.