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20 mai 2008 2 20 /05 /mai /2008 19:00

 

Roman acheté, il y a plus de vingt ans que j'ai enfin lu!

 


Dans un manoir hanté sur une côte irlandaise sauvage, Hannah vit recluse mystérieusement entourée de serviteurs qui sont autant de geôliers.





c'est ce que constate  Marian, qui vient d'être engagée comme répétitrice de français auprès de Mrs Green-Smith ( Hannah) qui vit dans une sombre demeure isolée qu'entoure un jardin aux grilles défensives, un marécage mortifère, une falaise imposante, un vieux dolmen à l'air menaçant, et l'océan avec ses lames de fond.


Un certain Gerald s'occupe des affaires d'Hannah ainsi que d'elle en personne, d'une manière singulière. Protecteur, sournois, trop plein de sollicitude. D'autres protagonistes jouent le même rôle auprès de la belle jeune recluse.


Et il n'y a pas d'enfant ! Marian découvre que, loin d'être répétitrice, elle sera dame de compagnie d'Hannah. Une appréhension la saisit. Son penchant immédiat pour la maîtresse des lieux qu'elle s'avoue en partie, lui donne envie e savoir pourquoi elle mène cette existence en huis clos et craignant de sortir.

Lorsque Marian apprend quelque vérité sur Hannah, elle brûle de la faire évader, même contre son gré.

En effet, Hannah, victime d'un mariage qui se révéla vite une mésaliance , aurait poussé son mari du haut de la falaise, sept ans plus tôt. Et serait depuis sous bonne garde, grâce à des "amis" de ce mari, que Marian imagine terrifiant, et dont les occupants du manoir craignent le retour.

Cependant Hannah a eu un amant qui vit encore dan sl e manoir d'en face, à ½ heure de là en voiture.  Et aussi un prétendant, Effingham, qui lui propose en vain la fuite à deux pour tout recommencer de zéro.

Cherche-t-elle à expier une faute, est-elle la proie d'un enchantement, comme le croient les gens du voisinage ?

Est-elle seulement terrifiée par la menace latente que représente la situation qu'elle vit, la surveillance que l'on exerce sur elle, le retour de l'époux ?


Hannah est tous d'abord vécue comme une personne inaccessible, un être charmant ,intouchable, dangereux aussi comme l'être fabuleux qui donne son titre au roman. Autour d'elle, les geôliers comme des libérateurs en puissance, ne savent eux-mêmes, ce que signifie la liberté pour elle.

Ils apprendront à leurs dépends ce qu'a pu lui coûter certaines visions fantasmatiques.


Chacun interprète le silence d'Hannah et sa manière de vivre ou de supporter la vie, comme on cherche à décrypter les paroles de la Sybille. Pour Effingham, homme de quarante ans, narcissique, naïf et paresseux, Hannah et une enchanteresse, la femme inaccessible des roamns courtois.

Mais cet amoureux couard ( un peu caricaturé)n'est pas à la mesure des ancien troubadours !

Pour Max Lejour, le vieux professeur platonicien, qui vit à «  Rider's » autre propriété isolée, et qui est son  plus proche voisin, Hannah est en train de trouver la sagesse dans l'épreuve.


Pour Marian, Hannah est victime de sa peur et de la culpabilité, prisonnière mentalement plus que physiquement. Et il importe de la sauver .

Avec l'aide d'Effingham, elle tente de la soustraire à ses gardiens. Mais Hannah est très surveillée, et Effingham  bavard, et maladroit, précipite les événements...

La fin du roman montre qu'Hannah avait peur d'elle-même de ses réactions, mais une  partie m'est restée obscure.


Unr roman d'analyse psychologique, d'intrigue et de suspense, une parodie réussie  des romans gothiques, des réflexions sur des notions telles que culpabilité et liberté, et aussi une bonne dose de satire de mœurs, voilà les points forts du livre.


Effingham est un personnage assez vain qui donne à l'histoire ses moments comiques. Les autres personnages sont moins chargés mais l'ironie s'exerce sur tous ces gardiens de « harem » pour une seule femme, et même à l'égard d'Hannah elle-même et de ses tentatives de conjuration : la robe de chambre jaune, les deux plantes fétiches : la monnaie du pape et l'herbe de la pampa, la lecture de la Princesse de Clèves sur laquelle Marian et elle s'endorment, donne à l'ensemble une tonalité tragicomique.




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19 mai 2008 1 19 /05 /mai /2008 17:34

J'avais éprouvé un intérêt certain pour «  Enduring Love », «  Une étrange séduction », » L'Enfant volé »  et le dernier «  Expiation ».

Ce n'est pas rien. Mais «  Samedi » m'a énervée.  Mc Ewan met en scène un neurochirurgien, persuadé que « tout est dans les gènes » !!

La journée de début de week-end qu'il va vivre sera  difficile pour lui  et les siens.  Cette famille bourgeoise  va vers  une confrontation difficile avec un  homme dangereux malade et  haineux (que le héros ressent comme tel).

D'habitude, les épreuves endurées par les héros bourgeois de Mc Ewan ne les laissent pas  indemnes. Bien souvent ces épreuves les détruisent, ou les poussent fortement à se remettre en question.

Le roman est tout simplement ennuyeux. Les pensées du chirurgien avec tous ces termes médicaux spécialisés que l'on n'a pas envie de connaître ... son échauffourée avec le  délinquant malade et rancunier qui veut se venger d'une aile de voiture froissée est interminable, elle lasse.

Le récit en flash-back de la rencontre du héros avec sa femme que bien sûr il a opérée autrefois, et sauvée,  paraît bien conventionnel. Ainsi que  l'évocation de ses enfants bien entendu surdoués, des parents exemplaires etc....

 Le suspense engendré par la crise des cinquante ou cent dernières pages est mieux enlevé.


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15 mai 2008 4 15 /05 /mai /2008 23:24

Gallimard (l'Imaginaire) traduction Roger Caillois et René Durand, 1977

1) L'Immortel

Cette nouvelle est précédée d'un aphorisme de francis bacon «  Salomon said there is no new thing upon earth »

d'un extrait de Platon «  All knowlodge was but remembrance »
"J'ai été Homère, bientôt je serais Personne, comme Ulysse ; bientôt je serais tout le monde, je serais mort ».

 

 


Ainsi se termine le  fascicule indiqué comme étant la narration de Joseph Cartophile, que la princesse de Lucinges trouve à Londres dans un volume de  l'Iliade traduction de Pope, qui lui a été donné par le libraire, ce même Joseph qui a dissimulé son histoire dans l'Iliade.

 Le récit c'est sa lecture de ces feuillets :

A l' origine, écrit  Cartaphile, à la première personne du singulier,  il s'appelle Marcus, et il  est soldat de l'empereur Dioclétien.  Il a participé à des  conflits armés en Egypte notamment,  mais la guerre en tant que soldat romain ne lui  a pas permis  d'être un héros. Dans les jardins de Thèbes, un cavalier vient lui révéler l'existence d'un fleuve donnant l'immortalité et d'une cité «  des Immortels ».

Il part avec ses hommes (dont il se débarrasse en route) vers la cité en question,  se lance dans cette  aventure qu'il espère enfin héroïque.

Les philosophes romains disaient «  allonger la vie, c'est allonger l'agonie »  Cette pensée le fait hésiter.  Pourtant la vie avec la mort au bout est elle-même une agonie. Atteint dès le départ par le processus de vieillissement, le corps est  tout entier tendu vers la mort.

 Toutefois, il s'introduit dans le labyrinthe, une pièce donnant sur une autre toute semblable.... Tout en faisant des rêves prémonitoires, il atteint la cité en question.

Il rencontre les Troglodytes (ici cela a le sens de « barbare ») qui sont immortels  ils sont devenus muets et illettrés ; l'oubli a fondu sur eux.

Comme les Lotophages dans l'Odyssée.

Cette cité, raconte l'ex-soldat, n'est pas comme le labyrinthe conçu pour y parvenir et qui  plonge l'homme dans la confusion.

 La cité est seulement absurde, sans invention dans son architecture, un complet « non-sens »

Elle est insupportable et elle rend fou. Pas de description possible. Elle résiste à toute synthèse.

«  Etre immortels est insignifiant ; à part l'homme, il n'est rien qui ne le soit, puisque tout ignore la mort. Le divin, l'incompréhensible, c'est le savoir immortel ».

La roue des indiens : chaque vie est la conséquence d'une vie intérieure et détermine la suivante. Aucune ne détermine l'ensemble.

Les Immortels voulurent vivre (après la cité) dans la pensée et la pure spéculation ;  la vanité de toute entreprise leur est apparue.


Le héros boit à un ruisseau devant la cité  pour ne pas mourir de soif.

Devenu lui-même immortel, il  espère  « un autre fleuve » dont les eaux effacent l'immortalité. Car le mode de vie des Immortels c'est d'être invulnérable à la pitié, le destin personnel ne les intéresse plus. Corps dociles, animal domestique. Plaisir de la pensée. Parfois restitution du monde physique, grâce à une excitation particulière produite par ce phénomène naturel qu'est la pluie.


Mais l'aventure en est absente : ce qui fait l'intérêt de la vie, cette urgence qui donne du poids à ce que l'on fait, même les menues activités, c'est la pensée que l'on va mourir...
Si cette pensée vient à manquer, l'on sombre dans un cauchemar  qui n' ren de commun avec ceux des vivants.

Comme disait Franz Kafka " l'éternité c'est bien long, surtout vers la fin". Le héros du conte n'en peut plus...


En 1921, il se trouve à boire dans un ruisseau d'eau claire. Un arbuste le déchire et il sent la douleur et voit son sang : il est redevenu mortel tels qu'autrefois, ayant bu dans un fleuve qui entourait Thèbes. Il retrouve son état antérieur en buvant à une source un peu semblable à celle qui le fit muter.


Le héros évoque ensuite ses vies diverses dont il se souvient pour chaque d'un fait saillant : traducteur, joueur d'échec, astrologue lecteur d'Homère, assistant de Giambattista Vico qui conçut l'histoire «  circulaire » en opposition  à linéaire.

Commentaires sur ses vies : « mots déplacés et mutilés, mots empruntés à d'autres, telle fut la pauvre aumône que lui laissèrent les hommes et les siècles".

Lorsque s'approche la fin, il ne reste plus que des mots. «  Il n'est pas étrange que le temps ait confondu ceux qui  furent symboles du sort de l'homme qui m'accompagna tant de siècles. »

J.Cartaphile dit qu'il  lui semble parler un peu toutes les langues. Il est libraire en 1929.

 Meurt peu après.


Ce héros ressemble à Borges lui-même, pour qui l'héroïsme est un thème central. Il  veut, comme chez Hegel, mettre sa vie en jeu, et non travailler comme l'esclave.

L'autre thème est l'éternel retour (histoire circulaire, répétition des mêmes schémas toutefois dans des existences diverses).


Un conte philosophique  auquel on peut encore réfléchir.


 






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9 mai 2008 5 09 /05 /mai /2008 23:00

le-Nom-de-la-rose.jpg

 

             Publié en 1980, le premier roman d'Eco fut traduit en français  deux ans plus tard aux éditions Grasset. Il fut un succès de librairie et  reçut le prix Médicis du meilleur livre étranger.

 

Jusque là Eco, professeur de sémiologie à Bologne, n'avait écrit que des ouvrages de critiques littéraires utilisant les découvertes linguistiques, les plus lus étant «  Lector in fabula » et «  « L'œuvre ouverte ».

 

Ce premier récit inaugurait une carrière de romancier prolixe, phénomène rare chez les linguistes. Actuellement, Eco a publié «  La Reine Luana » toujours dans la même veine, mêlant les  genres, aventure, histoire, et intrigue plus ou moins policière. Dans chacun de ses romans ( il en a publié 5 ou 6)  on est sûr de s'instruire sur un sujet donné.


Je lis peu de romans historiques, celui-là pourtant fut un véritable régal. D'une lecture apparemment facile et agréable, il ne s'est pourtant pas donné à moi tout entier la première fois, et, la dernière page tournée, restait une belle promesse. Ce qui est la condition idéale pour une, ou plusieurs relectures, voire pour une lecture attentive avec beaucoup de notes.Ici j'en ai tiré quelques vestiges.


A la fin de sa vie,  Adso de Melk, moine franciscain, rédige un épisode de son adolescence qui dura sept jours et le marqua pour toujours.


En novembre 1327, il accompagne Guillaume de Baskerville,  dont il est le novice, dans une abbaye bénédictine, en Italie du nord. L'ordre franciscain a envoyé Guillaume là-bas pour  organiser une rencontre  entre les  envoyés du pape Jean XXII, et les représentants de l'empereur Louis de Bavière,  qui doivent tenter de résoudre des conflits politico-religieux.

Arrivé à l'abbaye, Guillaume explique au moine cellier comment retrouver son cheval, et lui fait la description de l'animal, qu'il n'a jamais vu, des raisons pour lesquelles il a dû partir, et du lieu où il s'est rendu. Le lecteur reconnaît alors Guillaume pour un détective. Ce passage parodie ouvertement le Zadig de Voltaire. "Baskerville" désigne  aussi  le livre de Sherlock Holmes.

Le lecteur se trouve d'emblée  dans un espace d'intertextualité ludique, contrairement au narrateur Adso qui restera le naïf de l'histoire.


L'abbé Abbon, chef de l'abbaye, qui les reçoit, est affolé : le jeune moine Adelphe d'Otrante a été retrouvé mort au pied de la tour.

L'abbaye comprend une tour carrée dont chaque angle est interrompu par une tourelle octogonale.

Ces données nous orientent vers le roman gothique (Otrante, château, mort mystérieuse...)

Adelphe était enlumineur.

Guillaume s'intéresse vivement au crime, ainsi qu'à la bibliothèque de l'abbaye au-dessous des cuisines, où travaillait Adelme l'enlumineur. Dans le scriptorium, il apprend, du moine Béranger, qu'Adelme s'est jeté du mur d'enceinte et qu'un éboulement l'a fait glisser au pied de la tour.

Avec le vieux Jorge, conservateur aveugle de cette bibliothèque, l'atmosphère est tendue : cet homme ferme sa bibliothèque de l'intérieur, refuse l'accès à certains livres qu'il juge « impies » et qui, par exemple, font l'apologie du rire. Le rire vient du Malin.

Venantius, moine traducteur de grec, affirme, contre l'opinion de Jorge,  qu'il existe un traité du rire dont l'auteur est Aristote.Guillaume confie à Adso qu'il a accepté la mission diplomatique afin de consulter ce livre qu'il recherche depuis longtemps...

Le lendemain un autre moine est découvert  mort, dans une cuve emplie du sang d'un porc tué la veille... et ce n'est pas fini !


La suite de cet article intéressera surtout ceux qui ont lu le livre.


En plus de son enquête,   Guillaume reçoit  les visiteurs dont il doit organiser la rencontre. Parmi eux, Bernard Guidoni, inquisiteur de renom,  s'enchante de ces crimes, et désigne comme hérétiques deux moines de l'abbaye.  Ce personnage est un obstacle de taille à l'enquête, et force Guillaume à  préciser ses idées dans le domaine de l'éthique.

En effet il fut lui aussi un inquisiteur « qui  se trompait » et a révisé ses positions. A présent il est opposé aux actes de bravoure inutiles, et ne défend pas le moine, que Guidoni fera brûler, même s'il le juge innocent.

Au terme des sept jours,  Guillaume  réussit à  faire éclater la vérité sur les crimes de sang, et à en empêcher d'autres, au prix de mille tribulations, mais n'obtient pas ce qu'il désirait avant tout...

Adso reçoit de lui plusieurs  messages à méditer de l'aventure, d'abord un fort penchant pour le scepticisme. La passion de l'assassin pour une vérité unique, son fanatisme, le transforme en antéchrist alors qu'il croit servir Dieu. L'unique vérité est d'apprendre à nous libérer de toute passion pour nous approcher de la  vérité.

Le lecteur est un peu surpris qu'Aristote fasse figure de danger public. Dante, qui était chrétien, le considère comme un de ses maîtres. Mais Guillaume se méfie  des fictions et n'aime pas l'auteur de la Divine comédie. Guillaume a lui aussi ses limites.

Le vieux Jorge est à mon sens le vrai héros du livre, un héros tragique. La machine dramaturgique en œuvre dans le roman, le pathétique, l'émotion (tout ce qu'Aristote exige d'un héros tragique) sont assumés par le vieux Jorge.

Adso de Melk est un personnage secondaire et essentiel. Il a « tout enregistré de ce qui s'est passé » et le redit fidèlement, y incluant ce qu'il ne comprend pas, et même ce qui ne peut l'intéresser, dans un souci d'objectivité. Pour lui donner consistance, Eco lui invente une amourette avec une fille du village.

Le roman est à grand spectacle avec de longues descriptions : scènes vues par Adso sur le portail de l'église évoquant des toiles de Bosch.


Dans "l'Apostille au nom de la rose"( livre de poche biblio), Eco  prétend livrer en même temps que ses réactions  à la sortie du roman, les secrets de fabrication de son oeuvre. Il reconnaît avoir pris Borges pour modèle du vieux Jorge. Ce personnage est très négatif...  

Titre : le nom de la rose, c'est «  tout ce qu'on veut » dit Eco, la « structure ouverte «  du titre. " la rose" est un signifiant "ouvert" qui peut recouvrer  une infinité de  contenus  ( celui qui conviendra au lecteur).

Mais ce n'est pas comme si Eco avait écrit " Sans titre"...

On peut penser à la Rose de Paracelse de Borges (histoire très curieuse d'un alchimiste qui ne veut plus de disciples...).


 Eco explique le choix du  contexte historique :

-Guillaume a reçu les leçons du philosophe anglais Roger Bacon, il le cite et porte des lunettes inventées au treizième siècle.

-Pour que Guillaume, franciscain, puisse se conduire en détective, il faut dit Eco  que « les signes soient interprétés, non pas en tant que symboles, mais en tant que traces du réel ». Cela nécessite que l'on soit au moins au quatorzième siècle, vu l'évolution de la pensée.

-Adso doit pouvoir rapporter les discussions entre Guillaume et les émissaires du pape ainsi que les argumentations théologiques.  Il ne le peut qu'à partir du 14eme siècle.

 On apprend quel conflit divise  alors les franciscains. Les uns «  les petits frères des pauvres »aussi appelés les ordres mendiants,  adoptent une conduite sévère et  vivent dans la pauvreté...Attitude que Guillaume condamne comme fanatisme.

Les trompettes de l'Apocalypse : l'assassin a copié  des détails de ce livre de la Bible, pour perpétrer ses crimes et montrer qu'il exécute la vengeance de Dieu.

Ce petit opuscule est intéressant mais ne répond pas à toutes les questions.


Cela reste un bon livre. Peut-être est-ce à lui que l'on doit cette avalanche de  romans  utilisant l'enquête policière, un contexte historique donné,  et l'ésotérisme, car Eco a lancé une mode.  Certains sont excellents, d'autres, comme les Da Vinci code, ne sont pas du tout à la hauteur...



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6 mai 2008 2 06 /05 /mai /2008 18:13

  A partir de six ans, j'ai lu   beaucoup d' histoires d'enfants battus, bien évidemment la célèbre comtesse, mais aussi «  Le Petit chose » et «  La petite Cosette ».

 Je me disais «  Il n'y aura pas de Jean Valjean pour toi, rien que des Jean Foutre ».

 J'ai lu l'histoire du Petit Chose en pensant que je lui ressemblais mais aujourd'hui  cela m'indispose que l'on fasse lire aux enfants  l'histoire lamentable de ce jeune homme qui veut devenir poète et finit vendeur d'assiettes.

Je versais presque autant de larmes sur la destinée calamiteuse du pauvre Daniel Eyssette que lui-même, et ce n'est pas peu dire ! L'entrée du petit C. au collège de Lyon ressemble à celle de Charles Bovary dans un collège normand, excepté que l'auteur ne s'y entend pas à décrire quelque fabuleuse casquette. Le narrateur se moque de lui-même gentiment, dit-on et inquiète ou fait sourire les enfants avec ses «  Pauvre petit Chose, tu ne savais pas ce qui t'attendait » et « Qui était sur le mont du navire ? Voyez-vous ça ! le petit Chose qui se prenait pour un grand Philosophe » .

On s'énerve et on pleure lorsque le petit C. rencontre un certain abbé Germane qui ne lui apprend rien, excepté qu'il « restera toujours un enfant ».

Plus tard, vers dix ans, je lus en livre de poche l'intégralité de cette détestable histoire, qui nous emmène dans la loge d'une actrice vénale pour que Petit Chose  fasse  fonctionner sa petite chose en vue d'une perdition certaine ; celle-ci devient définitive lorsque, recueilli par « la Princesse et son Père » (mademoiselle Pierrotte, autrefois appelée «  les yeux noirs », devenue une brave jeune fille sans attrait et pleine de compassion, et son  Papa qui tient boutique), il devient le Petit Chose de porcelaine, vendeur d'assiettes et de théières sous la protection des bienfaiteurs ci-dessus nommées. On a dit que Mme Daudet est l'auteur du «  Petit Chose » ainsi que de tous les mélos non régionalistes signés Alphonse. Je crois en effet que seule une femme peut ridiculiser un personnage du sexe 1 avec autant de férocité.

Cependant je me sentais moi-même atteinte, fragilisée, comme si j'étais promise au même sort.

 

 

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1 mai 2008 4 01 /05 /mai /2008 23:47

Titre original " The Sweet Thereafter".

Actes-sud (Babel), 1994. 327 pages.


    Un accident d'autocar a eu lieu dans le nord de l'état de New-York à Sam Dent, une petite bourgade enneigée. Les victimes sont quatorze enfants du coin que le bus ramasse tous les matins pour les emmener à l'école.


Le roman consiste en cinq monologues de personnes ayant un rapport proche ou lointain avec l'accident. D'abord la conductrice Dolorès Driscoll, qui a freiné brutalement ce matin là, ayant cru voir un chien juste devant elle. Le bus a fait un plongeon dans le ravin (sans garde-fou) et  la moitié arrière s'est abîmée en contrebas dans une sablière pleine d'eau.

Dolorès donne au lecteur les informations nécessaires à une première appréhension de la tragédie et  raconte ce trajet qui s'avéra  mortel, cherchant, sans les trouver, des pressentiments et des causes plausibles. Dans son examen (qui est aussi un examen de conscience)  elle présente les principales familles concernées, leurs enfants maintenant morts (ou non), leurs différents problèmes sociaux et personnels. Ainsi que sa vie à elle, son mari Abbott, paralytique, et parlant par borborygmes qu'elle interprète comme s'il était une pythie...

Ensuite c'est Billy Ansel, le garagiste, veuf, et maintenant privé aussi de ses deux jumeaux.  Depuis l'accident, il a renoncé à sa liaison avec Risa et tous deux ne se parlent plus. Ce monologue est une longue méditation sur la culpabilité et le deuil.

L'avocat Stephens s'exprime  à son tour : il a voulu s'occuper de l'affaire pour  accuser de négligence   la municipalité, les services sociaux et la compagnie de bus, et tenter de faire verser des indemnités aux familles. Il visite les sinistrés et nous en donne une idée différente de celle des deux précédents narrateurs.

L'avocat  a aussi des ennuis familiaux, sa fille Zoé qui se drogue et se détruit à petit feu, raison pour laquelle il se sent en phase avec les victimes.

Nicole Burnell une rescapée de quatorze ans, se retrouve désormais en chaise roulante. Avant l'accident, elle songeait au suicide, son père  la forçait à des relations incestueuses. A présent, il n'osera plus la toucher, et elle pourra toujours s'enfermer dans  sa chambre. Etant donné qu'elle est interrogée par des avocats, elle lui fait peur et tire satisfaction (amère) de sa vengeance.

Elle trouve des avantages à sa nouvelle situation. Le titre «  The Sweet Thereafter » trouve ici une justification, tout aussi ironique que pour les autres narrateurs, mais plus concrète...

Là aussi le thème de la culpabilité est à l'œuvre et l'accident a mis fin à des relations sexuelles prohibées.

Le dernier monologue est à nouveau  Dolorès Driscoll, mais je n'ai pas eu envie de le lire. Je pense qu'il n'apporte rien de plus...

Un roman réaliste, en prise avec les problèmes sociaux. Des gens qui, à l'occasion  d'un coup dur, très dur, tentent  non seulement de survivre (parfois au prix de se considérer mort) mais de  tirer de cette nouvelle situation des vérités sur eux.

Le premier monologue m'a bien plu ; Dolorès à la fois naïve et réaliste, vive et  méticuleuse dans sa restitution des événements et des sensations,  augure bien du roman. Billy Ansel paraît étonnamment lucide, mis à distance de sa vie passée et capable d'en tirer ce qui en était déconcertant, ce qui suscite des questions. Au milieu du monologue d'Ansel, j'ai commencé pourtant à me lasser, et cet ennui relatif a perduré tout le long du rapport de Stephen Mitchell.

L'intérêt s'est relancé pour Nicole Burnell : le point de vue de l'adolescente  nous fait changer de monde.

Mais je n'ai pas lu le dernier monologue.

D'où vient cet ennui relatif ?


A chaque monologue, l'auteur épouse bien le point de vue du personnage, son entourage, ses expériences personnelles sont bien décrites de sa place.

Un autre travail est de changer  de  voix et de ton pour donner à chacun son accent particulier. L'auteur s'est efforcé de faire parler l'adolescente d'une façon plus directe et plus vive, avec  du mordant. Dolorès a aussi un certain brio, tandis qu'Ansel est porté sur l'introspection, et l'avocat considère les êtres de l'extérieur avec l'objectivité particulière de celui qui ne dépend pas de cette communauté.

Cela ne suffit pas toujours à garantir l'originalité du récit. Lorsque le même événement, la même description est répétée par un personnage différent,  il ne rend pas toujours un autre son, n'apporte pas toujours de nouvelles informations. Un certain piétinement, un ressassement sont à l'œuvre.


Dans l'ensemble, c'est tout de même un livre important.

L'avis d'Amanda

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14 avril 2008 1 14 /04 /avril /2008 23:46

Ce récit a été publié en Argentine en 2005, et chez Christian Bourgois dans la traduction de  Michel Lafon en 2008.


L'auteur l'annonce sans ambages dès l'incipit  («  J'étais une petite fille de sept ans, princesse d'un pays de conte de fées ») il investit le genre du conte.

Il a déjà renouvelé et dévié  le récit de voyage initiatique (Un Episode de la vie du peintre voyageur), le roman  psychologique («  Varamo »), le roman noir («  Les Nuits de Flores ») les enrichissant de sa fantaisie et  de son érudition.


La petite ramasse ce qu'elle croit être une pierre précieuse, mais  au toucher l'objet se révèle mou et sans forme, fait d'une substance onctueuse inconnue, peut-être répugnante, et qui sent bon.

C'est l'annonce de toutes sortes d'expériences à venir, que sa curiosité insatiable lui fera toujours apprécier (je voulais toujours tout essayer...j'étais un cas extrême de je te vois je te veux).

Au deuxième chapitre, elle présente son père «  Le Roi mon père...c'était un saint ou en langage courant un brave homme », et le grand château où ils vivent...


En effet, le héros du conte n'est pas la petite fille en elle-même, mais le couple « la princesse et son père », d'autant plus exemplaire, qu'ils ne sont jamais désignés  par un prénom ou un nom.

Pour la fillette son père fut mal marié avec une fausse psychologue  qui a également menti sur son âge, une marâtre, qui torture son père (Bien évidemment, à sept ans elle prend le parti du père), et «  elle venait d'un autre milieu, du monde phosphorescent des célébrités, ambitieuse, passionnée pourquoi avait-il fallu qu'elle épouse un obscur rêveur impénitent »


Le père, employé de bureau, pour échapper à cette conjugalité atroce accepte de « vendre son âme  aux puissances surnaturelles, en échange de la réalisation de tous ses désirs... pour la première fois de sa vie, il paya au prix fort..»


Nanti de ces pouvoirs, le père achète un domaine, procure à sa femme une petite fille ( la source inépuisable me produisit)  mais s'occupe seul de cette enfant » ma relation avec papa était la source des histoires, de tout ce qui donnait du charme et de l'intérêt à la vie » , et en fin de compte crée un  royaume pour lui et sa fille «  la monarchie turque de Biscaye » qui peut dès maintenant occuper une place de choix dans la prochaine édition du  dictionnaire des « lieux imaginaires » de Manguel.


Le rationnel côtoie le féérique, non sans ironie : ce pays est reconnu par la communauté européenne. Quoique turc, il se situe quelque part dans le pays Basque...il y a des montagnes ténébreuses, des hivers aux pluies interminables, de drôles de vipères...

Ils ont deux principaux  serviteurs : un goûteur de plat (Prospero) et un  « poète classique biscayen » Héctor, que papa nomme juge errant « chargé de rendre la justice là ou la justice ne parviendrait pas ». La description qui est faite d'Héctor est celui d'un bouffon de cour. Nul n'a jamais lu ses vers « mais il savait distinguer entre la simple extériorisation de sentiments et une véritable confrontation avec  la littérature ».


Un jour, le roi est mis en difficulté par ses sujets à cause de  couteaux qui se transforment en vipères. Des hommes-boucs prennent la fillette en otage et la tiennent prisonnière dans un vieux cinéma désaffecté. N'est rendue que contre son âme. «  Dépouillée de mon âme, c'est-à-dire de mon éternité, j'entrais dans le cours inexorable du temps. Et comme aucun père ne veut que sa fille grandisse et cesse d'être une fillette, il devenait impératif de récupérer mon âme ».

 

Ils se mettent en route vers le cinéma désaffecté. Le poète juge devient porte-bagage... 


 Le récit de « la petite goûteuse » est fort savoureux, mais il n'est pas toujours aisé d'interpréter les différentes séquences. On peut méditer longtemps sur la signification des «  hommes-boucs » ; d'un vieux perroquet qui guérit la surdité lorsqu'il profère un mot ; du poète juge qui devient porte-bagage ; du Christ, personnage à barbe noire qui habite un vieux château, avec des Papes pour servir un repas copieux. On discute de l'opportunité de faire installer l'électricité...  

«  Ma Mère me fait un chantage permanent avec sa mauvaise santé »dit aussi ce Christ-là, qui a néanmoins  un but «  arriver à boucler un jour son grand œuvre, l'herbier chimique des émotions ».


Lire la présentation de l'auteur sur le site deChristian Bourgois

Un autre article très agréable à lire sur le site du Matricule des Anges 

Mes  billets sur  Varamo et   Un épisode  de la vie du peintre voyageur

Un article intéressant sur le blog Wodka

 

 

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12 avril 2008 6 12 /04 /avril /2008 23:15


Publié aux éditions Rivages.

Ce livre avait été sélectionné pour le Booker Prize en 1971.

L'un des derniers ouvrages d'Elizabeth Taylor, qui compte parmi mes préférés avec « Noces de faïences ».

 Si son roman le plus célèbre est incontestablement «  Angel », ce n'est pas le meilleur. Celui là, ces 215 pages- là sont supérieures, l'auteur n'a pas changé de style mais elle va à l'essentiel et presque toutes les phrases sont choisies et font mouche.

En 1971, lors de la parution, l'auteur a 59 ans ; elle n'est pas aussi âgée que son héroïne ; sans qu'on le dise Mrs Palfrey semble être septuagénaire. Elizabeth Taylor a encore quatre ans à vivre, son héroïne entame sa dernière, lorsque, veuve, elle s'installe à l'hôtel Claremont «  un dimanche après-midi de janvier ». Au cœur de Londres, cette  pension abrite des hôtes de passage et des personnes âgées, qui ne peuvent plus rester dans leur famille ou n'en ont pas. Ce n'est pas une maison retraite car on n'y trouve pas de personnel de santé.

Comme le dit Mrs. Palfrey à un jeune homme rencontré au hasard d'une chute qu'elle fait dans une rue et qui s'occupe de la réconforter, «  Nous ne sommes pas autorisés à mourir ici ».

Lorsque les pensionnaires de l'hôtel le quittent c'est pour l'hôpital ou l'hospice. L'hospice surtout, attendu que, l'argent dont ils disposaient, ils l'ont dépensé à vivre dans cet hôtel.

Mrs Palfrey a un petit fils Desmond qui travaille au British Museum et vit à Hamstead. Des précisions qu'elle donne avec fierté aux autres pensionnaires, trois veuves et un veuf affectés de problèmes divers : Mrs. Arbuthnot d'arthrite, Mrs Burton d'alcoolisme, Mrs Past de mélancolie, et Mr. Osmond d'obsessions sexuelles.

Mrs Palrey parle de son petit-fils, seul moyen de se mettre en valeur, et annonce imprudemment sa prochaine visite. «  Desmond ne vint pas. Le pull que lui avait tricoté Mrs Palfrey était presque achevé et chacun savait  qu'il n'était pas venu le chercher. Sauver la face avait été un élément important de la vie en Extrême orient et Mrs Palfrey à présent s'y efforçait de nouveau. Une telle attitude entraîne généralement des ennuis, et les ennuis apparurent car elle se trouva obligée de mentir et de se souvenir des mensonges qu'elle avait proférés ».

Les mensonges ne font pas illusion et les autres pensionnaires lui témoignent de la pitié et une sympathie méprisante, quand ils ne suggèrent pas que ce petit fils  elle l'a inventé.

Heureusement elle fait une chute, retour de la bibliothèque municipale, un jeune homme la secourt qui vit dans un entresol en face de la rue où elle gît à terre. Ludo (nom qui évoque le jeu et le plaisir) est écrivain sans avoir rien publié, vit dans le dénuement le plus complet.

 Mrs Palfrey l'invite à Claremont pour le remercier. Ludo paraît surpris, consterné puis c'est l'allégresse qui le gagne : «  lorsque la voiture disparut, il retourna dans la pièce et, penché sur sa table, nota dans un calepin : «  longue culotte grise et pelucheuse... élastique...vine de la jambe couleur de raisin ...parfum d'eau de lavande (berk !)...taches brunes sur le dos des mains vernissées, veines apparentes...plis horizontaux. »

Ludo est apprenti écrivain et il travaille sur le motif. L'idée d'aller visiter Mrs Palfrey lui apparaît comme un matériau intéressant pour écrire. Ecrire sur les personnes âgées l'intéresse d'autant que Mrs Palfrey a prononcé sans le savoir, une phrase au contenu dramatique qui suppose un certain pathos maîtrisé « nous ne sommes pas autorisés à mourir ici » et, mine de rien  a désigné Claremont comme un lieu de passage symbolique ( antichambre  de la mort, scène où l'on fait son apprentissage de l'agonie, lieu de souffrance maquillé).

Cette phrase deviendra le titre du roman que Ludo  achève à la fin du livre que nous lisons.

« Ils ne sont pas autorisés à mourir ici »

Une relation forte s'établir entre Ludo et Mrs Palfrey, principal objet du livre. Ludo est un personnage très positif. Il ne se lasse pas d'écrire malgré la quasi-misère dans quoi il vit ; mélange de naïveté et d'honnêteté, il rend Mrs Palfrey amoureuse de lui, sans l'ignorer et sans chercher à en profiter non plus. Il lui emprunte de l'argent et travaille pour le lui rendre. Mrs Palfrey voudrait l'inscrire sur son testament : il n'en saura rien et elle  ne pourra pas. Son profit, il le trouve dans le matériau que cette dame et les autres pensionnaires lui fournissent involontairement pour l'écriture. Un roman que Mrs Palfrey n'aurait pas aimé se dit Ludo lorsqu'elle lui demande de lui en faire parvenir un exemplaire lorsqu'il sera publié. La  nature de leur relation est profondément réaliste et vraie à l'opposé de «  Harold et Maude » film contemporain du roman, et dont le sujet est quasiment le même : le jeune homme et la vieille dame.

Ce récit ne propose rien d'invraisemblable ni de faux. Rien d'idéaliste. Vraie et subtile, El. Taylor ne prétend pas que Ludo pourrait être amoureux d'une vieille dame. Il recherche la compagnie des filles de son âge. Il ne se plaît pas particulièrement avec Mrs.Palfrey. Le grand âge n'est pas idéalisé.  Mrs Palfrey, isolée,  tombe une deuxième fois pour avoir voulu échapper  à des avances importunes  et cette seconde chute lui ramène Ludo.

De  sorte que, nous rappelant Harold et Maude nous voyons ce qu'il y a de faux dans  ce film  en regard de ce roman.   Point ici de relation fusionnelle mais lucidité et respect mutuel.


Des intrigues secondaires, comiques et émouvantes en même temps, viennent étoffer le roman, l'apparition du vrai petit fils alors que les pensionnaires avaient adopté l'autre comme tel.

La vie de cette petite société de personnes âgées qui affrontent ou évitent les manquements ou les misères leur condition, leur tentative de participer à une «  boum » et les petites catastrophes qui s'ensuivent sont rapportées avec un  humour caustique parfois cruel.


Mais la surprise ce sont les deux personnages principaux, sympathiques et performants, rares chez Elizabeth Taylor qui préfère dénoncer les travers de la société dans ses personnages plutôt que  de montrer des êtres  intelligents.

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11 avril 2008 5 11 /04 /avril /2008 23:26

Seuil, 2006.

330 pages.

Surtout connu pour ses romans policiers, Henning Mankell a aussi écrit plusieurs romans ; celui-là est aussi bon que certains de ses polars.

Voilà un écrivain  qui  énerve son éditeur à ne publier que des recueils de « poèmes hermétiques ».  Ce dernier le presse d'écrire un polar pour se vendre enfin.  En outre, il vient de passer trois semaines aux îles et  se plaît à observer son bronzage. Son ami Andréa est infirmière parce qu'il est hypocondriaque ; mais elle va bientôt le quitter car il ne veut pas d'enfant et ils avoisinent la quarantaine.


Un jour, une lecture à la bibliothèque de Göteborg va changer la donne. Les  participants sont des travailleurs immigrés invités par la bibliothécaire pour  qu'ils prennent contact avec les livres. L'échange est plutôt  musclé,  il prend conscience qu'il existe un autre monde... à force de fréquenter les quartiers annexes, il  va faire la connaissance de trois jeunes filles. la première est africaine, la seconde russe : sans papières, ni domicile fixe, elles sont arrivées en Suède après avoir subi de terribles épreuves. La troisième, iranienne, persécutée par les hommes de sa famille vit aussi un enfer.

Il se met en tête d'écrire un livre pour les faire témoigner de leurs expériences, et leur obtenir  le droit de séjour...

Nous avons là trois récits bouleversants  sur  les problèmes et souffrances des immigrés en Suède.

Le portrait du romancier  me trouble: avant de connaître les trois jeunes filles et  le poids de la précarité sociale, le héros écrivait des poèmes hermétiques et se regardait bronzer. Je me demande  qui Mankell voulait épingler. Tous les poètes ne se regardent pas bronzer, et  le mot "hermétisme"  est-il ici une condamnation?

 

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11 avril 2008 5 11 /04 /avril /2008 23:24

 

Métailié, 2007. 133 pages.

 

Pour ses quatre vingt ans, Camilleri a écrit un roman autobiographique, non policier.

Nous voilà dans la Sicile de la fin des années 30. Nenè est un petit garçon qui vit à côté d'une maison de tolérance. Il ignore ce qu'on y fait mais les femmes nues l'attirent déjà, vu que sa cousine et compagne de jeu Angela est assez délurée. En grandissant, il est admis avec deux de ses amis de lycée, à la pension. Mais bientôt la guerre mondiale arrive jusqu'en Sicile. Les péripéties que vivent les filles, les clients et la tenancière la Signura Flora vont se corser des divers tourments que peut rencontrer un pays en guerre.

Et pourtant, on observe des miracles à la pension Eva. Par exemple Ambra, une  jeune femme inspirée, voit descendre du ciel un ange nu qui atterrit sur la terrasse de la pension en repliant ses ailes... de parachute. Une autre va rencontrer saint Loca en personne. Un vieux monsieur très distingué retrouve sa fièvre virile à cause d'une bombe qui explose à ses côtés. Jacolino, un ami de Nenè, nul en latin et grec, s'améliore fortement en fréquentant la pension.  Il arrive que l'amour naisse entre un client et une fille, et leur avenir n'est pas tracé d'avance...

A la fois roman de formation, documentaire sans concession sur la guerre vécue chez les civils, et  récit plein de fantaisie et d'esprit, ce roman est  aussi bon, voire supérieur aux enquêtes policières. On peut noter aussi, que le langage est nettement plus classique que dans les romans policiers de l'auteur. Certains diront "moins inventif" d'autres "plus lisible"...


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