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7 septembre 2010 2 07 /09 /septembre /2010 08:54

Washington Square

Cercle du Bibliophile,1964, 255 pages.

 

 

Ce roman est paru pourla 1ere fois en1881. Henry James est âgé de 38 ans. Peu après il fera paraître « Portrait Of A Lady », que certain disent son chef d’oeuvre.

 

 

 

A 22 ans, Catherine Sloper rencontre Morris Townsend dans une soirée. Elle a l’impression de lui plaire. Catherine n’a jamais été courtisée encore. Elle est très timide, effacée, sans charme apparent, et de l’avis de son père s’habille comme « un chien savant » autant dire qu’elle ne sait pas se mettre en valeur…Morris est le plus beau jeune homme qu’elle ait jamais vu. Elle ose presque croire au conte de fée…

 

Elle a toujours vécu dans l’ombre de son père, qu’elle admire et craint. Le docteur Sloper médecin apprécié vit dans une spacieuse maison près de Washington Square. Ce parc n’a rien de séduisant, au milieu du 19eme siècle, mais il est plein d’arbustes et d’ombres bienveillantes. Catherine a été élevée par sa tante Mrs Penniman : une dame romanesque et chimérique, tout le contraire de Catherine.

 

Aussitôt que le prétendant a fait son apparition, Mrs Penniman s’empare de l’affaire, invite le jeune homme , rêve pour Catherine de mariage secret, de rendez-vous dans le fameux square, dont elle serait l’instigatrice. Mais tout aussi bien rêve-t-elle du contraire, car les séparations ne manquent pas de charme non plus… Pour le docteur qui a tout de suite appréhendé Morris comme un coureur de dot , ce mariage ne doit pas se faire : en effet, Catherine possède une rente confortable de feue sa mère, et devrait hériter de bien plus de la part du docteur. Morris n’a pas un sou, est aventurier, beau parleur, bien de sa personne vit chez sa sœur, et ne se presse pas de trouver une situation.

Amoureuse, presque autant que sa tante, et d’une façon fort différente, Catherine va trouver là l’occasion d’affirmer, lentement mais sûrement, sa personnalité face à ces deux adultes contre qui elle apprend à se battre, son père et sa tante, et de même face à son prétendant: et ce ne sont pas des cadeaux !

On a parfois comparé Washinton Square à Eugénie Grandet : c’est bien la même histoire, mais le roman de James est plus subtil à mes yeux. Les quatre personnages principaux sont bien plus intrigants, et l’ambiguïté quant à leurs vraies motivations s’amplifie au fil du texte, et ne se résout jamais de sorte que le lecteur reste libre d’interpréter les faits. Tour à tour dramatique et drôle, jamais dépourvu de fine ironie, et même de passages ouvertement comiques.

Bien que Catherine soit l'héroïne du roman, et le conflit avec son père le sujet dominant, je ne suis pas loin de penser que Mrs Penniman dans toute sa perversité et ses contradictions est le personnage le plus réussi.

Ce roman est tout simplement remarquable.

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26 août 2010 4 26 /08 /août /2010 23:08

Quitter le monde

Pocket,  2009, 694 pages.

Jane Howard, l’héroïne, a connu les affres d’une famille désunie. A l’âge d treize ans, elle a juré devant la énième querelle de ses parents, qu’elle ne se marierait pas et n’aurait pas d’enfant. Son père a quitté la maison ce jour-là pour ne plus revenir. L’un et l’autre parent ne cesseront jamais de lui reprocher d’avoir provoqué la rupture avec cette déclaration.

Jane quitte tôt la maison pour Harvard, a une liaison avec son professeur de thèse, mais l’affaire se termine mal … Plus tard elle tente de devenir trader pour changer de vie. Avec un doctorat de littérature ce n’est pas banal … et plutôt aventureux.

Bientôt elle a des ennuis à cause de son père, devenu escroc, qu’elle a aidé à quitter le pays. Puis elle se lie avec un cinéphile qui rêve de fonder sa propre agence de cinéma. Théo est un intellectuel comme elle, Jane le trouve passionnant quoique affligé de symptômes obsessionnels. Ils ont un enfant, et le jeune homme s’éloigne d’elle, pour monter une entreprise foireuse avec Adrienne Clegg une actrice intrigante vulgaire et sotte… Bien sûr Jane leur a prêté de l’argent et bien sûr elle se retrouve encore avec des créanciers sur le dos …

 

C’est à partir de l’apparition d’Adrienne Clegg que j’ai commencé à me lasser sérieusement du bouquin, soit à la page 300 environ.

 

Jusqu’ici j’avais avalé sans trop protester les aventures de Jane. Mais ce nouveau rebondissement m’a paru très artificiel et peu crédible. Comment son ami qu’elle présente comme intelligent et cultivé peut-il s’associer avec une femme aussi ridicule et peu tentante ? Il aurait pris une maîtresse normale c’eût été admissible. Mais là vu le portrait très chargé que l’on fait d’Adrienne … le comportement de Théo par la suite correspond de moins en moins à ce que l’on nous en a dit.

 

De plus l’auteur fait pleuvoir gratuitement des tonnes de catastrophes sur Jane, et l’on commence à passer les pages à grande vitesse. En outre l’auteur prend un fâcheux plaisir à faire durer des dialogues peu intéressants, et à lancer ses personnages dans des récits informatifs de leur situation qu’ils répètent à chaque nouvel interlocuteur !

Bref, on court aux derniers chapitres pour lire en diagonale la fin, on s’attarde sans réel plaisir à une nouvelle aventure de Jane devenue cette fois détective et justicière malgré elle… !

 

J’ai rarement connu D Kennedy aussi ennuyeux ! J’en suis à mon quatrième roman de lui, ( j’en lis un tous les ans en août) et les précédents, même s’ils possédaient des longueurs ne m’avaient point rebutée.

 

Là je dis stop ! Il tire à la ligne outrageusement…

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15 août 2010 7 15 /08 /août /2010 18:07

Après lecture de l'article de Keisha sur  le rouleau de l'oeuvre de Kerouac, et prenant conscience que certains des blogueurs qui me lisent, s'intéressent à ce document, je rediffuse mon article de 2008 ( ouais, ici, c'est aussi nul que la télé, on rediffuse à tour de bras...), sur mon expérience Kerouacquienne. Le billet n'ayant pas reçu de commentaires, et n'étant pas lié à une date significative, il ne perd rien à être publié à nouveau.

 

Fans de Kerouac profitez-en pour le défendre contre mes vilaines attaques!

 

 

 

  1) Début des années 70, je continue à lire les romans qu’il faut avoir lu à tout prix : me voilà plongée dans Kerouac.

 

 On the road est un des premiers livres que j’ai lu en VO; deux autres lectures, en version française,  l’avait précédé :«  Les Clochard célestes »(un des titres les plus stupides jamais inventés pour rendre «  The Dharma Bums » ) m’avait plu, et obtenu l‘aval de ma mère, ainsi que  « Le Vagabond solitaire » mais … 

 

en faisant connaissance avec au moins un texte en langue originale ,patatras!

 

Sur la route ( 1957) fut et reste pour moi  décevant.


Moriarty, un réprouvé, hors-la-loi, errant, est un personnage type de roman picaresque, genre auquel appartient pleinement Sur la route.

Il y a de bons romans picaresques : Jacques le fataliste est mon préféré.

Balzac, tout ce qui met en scène Vautrin, est picaresque et c'est très bon.

Il en est d'un peu longs, mais corrects ( La Ville des prodiges de Mendoza)

Il  en est de pénibles, mais fréquentables( la vie de Lazarillo de Tormes).

Il y en a d'interminables, illisibles : Don Quichotte, par exemple. "Sur la route" relève de  cette dernière catégorie...


Dean ne cherche pas à s'élever socialement. 

Il est vrai, dans le roman picaresque, ce n'est pas une obligation. Le picaro est fier de son origine et de son parcours.

Il  vient de sortir de prison lorsqu'il rencontre Sal Paradise (narrateurdu récit ) pour qui il sera un héros, une source inépuisable d'admiration. Sal est un étudiant qui n'étudie pas, et vit d'une modeste pension de guerre.

  Dean est un type minable, un petit  délinquant sans envergure, et Sal Paradise un  imbécile qui tient gentiment compagnie aux filles que Moriarty va baiser.

  Ils ne font rien de leur vie ni l’un ni l’autre, et ne sont même pas intelligents. Leurs copains sont pénibles aussi, et les filles sont très bêtes… ils font la route…  au début de cette lecture, on espère  apprendre à se repérer géographiquement dans les Etats Unis...


J’ai noté :

 

Sal Paradise, narrateur. Soleil Paradis.

 

Dean Moriarty un gars de l’Ouest de la race solaire

 

Marylou une belle petite poule (les filles sont toutes désignées de cette façon !!)

 Carlo Marx discours délirant  et loufoque

Elmer Hassel; Old Bull Lee criminel ricaneur

Chad le nitzschéen anthropologue

 

Rémi Boncoeur ; Lee Ann

 

Paterson (chez sa tante)

 

Greyhound 34 eme rue

 

Yonkers

 

Rive est de l’Hudson ( source des Adirondacks)

Le pont de Bear Mountain que franchit la route 6 venant de la Nlle Angleterre


Pennsylvanie ( tout se joue en Pennsylvannie??)

Ohio

 

Indiana

 

Chicago

 

Joliet ( Illinois) 

Iowa Davenport Des Moines Adel Stuart 

Council Bluffs 

Omaha le Missouri

 

Nebraska vallée du Platte 

Montana Shelton 

North Platte les grandes Landes  

Et puis zut! A Denver, ça recommence, les fêtes, les parties foireuses ,les bavardages, les errances. 

 

Un jour, Sal Paradise suit sa route sans son compagnon, et tombe sur une fille qui a un bébé (The Mexican Girl) part plusieurs mois avec elle, travaille dans les champs à cueillir du chanvre,  s’occupe un peu de l’enfant, commence une vie de couple avec de la tendresse et un peu de sexe.

C’est le seul bon passage du livre, mais Sal repart.


JOUER  CE ROLE, OUI UN PEU, MAIS PAS L'ASSUMER...


On ne fixe pas, on ne prend pas de responsabilité.

Sal passe aussi du temps chez un couple de français les Boncoeur, en Californie. Disputes violentes, beuveries. Sal se tire, retrouve Dean et ses voitures chouravées, ses drogués, ses " belles petites poules"...

 

J’abandonne…

 

C’est le livre le plus nul de toute la littérature me dis-je, en 1970.On m’a trompée. Ce Kerouac est réac et même patriote. Pas agnostique du tout. Je ne sais pourquoi, j’avais cru…

 

 

2) Je me prends à suspecter les autres écrivains beat. 

 

On me conseille Burroughs. J’ai lu le Festin nu : je n’ai aucun souvenir de ce livre, et ne pourrais en parler, mais à l’époque il m’avait intéressée.

Burroughs dit que la drogue, on n’a pas besoin de faire l’article pour la vendre…c'est plus simple que la prostitution par exemple : nul besoin de parer la marchandise de je ne sais quels attraits.


Je me suis intéressée à la technique du cut up qui a des points communs avec l’écriture automatique : j’ai même sorti le ruban magnétique de la cassette audio de Sergent Pepper et l’ai découpée en plusieurs morceaux que j’ai recollés avec du scotch. Puis j’ai réenroulé le ruban dans le support. Ce fut un travail considérable. Le ruban magnétique était incroyablement long. A l’écoute, on entendait des sons bizarres, mais pas de heurts , pas de mots scalpés… j’ai compris que j’avais réenroulé le ruban à l’envers. 

 


3) Nous sommes toujours en 1970.

Une copine à qui j’ai parlé de mon exploit « cut-up », se dit vivement intéressée :

« sur A Day In The Life, à l’envers, on entend les bruits du terrible accident qui coûta la vie à Paul Mc Cartney !

 

- Ah ? Parce qu’il est mort ?

 

- Bien sûr ! Mais on n’a pas voulu rendre publique la nouvelle ; on lui a trouvé un sosie, qui chante à sa place. Mais en guise de cérémonie funèbre, l’accident de voiture est reproduit sur l’envers d’A Day In The Life.

 

-Ben, dis-je, à l’écoute, c’est loin d’être évident…

 

Elle est venue écouter et n’a pas trouvé ça concluant, malgré qu’elle crût dur comme fer à cette histoire de sosie.


 

4) Nous sommes en 1972 :


J’ai lu « Junkie » !

Burroughs y dit que la femme est un être inférieur ; je ne m’attendais pas à ça ! J’ai jeté le bouquin par la fenêtre de la chambre du huitième  ( j’habitais une chambre de bonne.)

Sans compter que sa femme, il l'a tuée, et n'a pas été inquiété...

 


 

 

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7 août 2010 6 07 /08 /août /2010 20:13

Les-Europeens

Points Seuil, 1993, 236 pages.

 

Il a paru en 1878, c’est l’un des premiers romans d’Henry James, alors âgé de trente-cinq ans.

 

L’auteur met en place  certaines  des constantes de son œuvre : l’opposition entre Nouveau et Ancien monde, les problèmes d’argent et d’ascension sociale.

 

Frère et sœur,  Félix et Eugénie viennent d’arriver à Boston. Américains, ayant toujours vécu en Europe, ils découvrent ce continent pour la première fois.

Sans fortune, Eugénie a dû contracter un mariage « morganatique » en Allemagne. Cela signifie qu’elle a épousé un prince, n’ayant pas elle-même d’origine noble.

Par ailleurs, on soupçonne aussi qu’elle n’est pas mariée légalement, puisque ledit prince veut la répudier. En tous cas, elle a fui cette situation sans issue.

Félix, son jeune frère d’un heureux caractère (comme l’indique son prénom) se définit comme un aventurier ; il a été comédien, chanteur, et maintenant dessinateur, et vit de petits jobs depuis toujours.

Leurs situations précaires les ont amenés à se souvenir de leurs riches cousins américains, dont ils espèrent tirer quelque bonne fortune.  Eugénie, déjà 33 ans, pourrait se remarier correctement…

 

  Les Wentworth vivent en banlieue.

Nous sommes au dix-neuvième siècle et ces banlieues rupines du Massachussetts sont fort agréables à Félix, un peu moins à Eugénie, qui depuis le début du récit se déplaît fort ici.

Il n’est pas facile de se présenter chez des cousins que l’on n’a jamais vus, avec des arrières pensées intéressées,  et de prétendre avoir seulement envie de les connaître, sans pouvoir réellement celer qu’on est  économiquement faible, comparé à eux.

    Les  Wentworth sont une famille austère.Ils  fréquentent l’église assidûment ,n’ont guère d’imagination et vivent tristement une routine ennuyeuse. La jeune fille sur laquelle Félix a jeté son dévolu, est promise à un pasteur plutôt coincé.

 

Habiles, charmants, aptes aux intrigues,  Eugénie et Félix s’invitent, se font héberger, courtisent et se font courtiser.   

Eugénie va se faire appeler «  la Baronne de Münster », et composer un personnage mystérieux, plein de bizarreries. A l’opposé, Félix adopte une spontanéité déjà presque américaine, et annonce pour tout métier «amateur », mot qui va faire effet auprès des Wentworth.

 

«  Je n’ai jamais étudié ; je n’ai pas de formation. Je fais un peu de tout, mais rien de bien . je ne suis qu’un amateur ».

Cela faisait encore plus de plaisir à Gertrude de penser qu’il était un amateur que de penser qu’il était un artiste ; le premier offrait à son imagination des associations encore plus subtiles… Mr Wentworth, lui, l’employait abondamment, car, bien qu’il ne lui fût à vrai dire pas très habituel, il le trouvait commode pour aider à situer Félix qui, jeune homme extrêmement intelligent, actif, apparemment honorable, et cependant sans profession définie, constituait un phénomène gênant. »

 

Il ne cache pas son passé aventurier «  bohème , et pierre qui roule » sachant l’impact que ces mots peuvent avoir sur une jeune fille élevée avec des principes, mais qui s’ennuie est et prête à la romance. Eugénie elle aussi, tente de faire le siège d’un cousin, puis d’un autre

 

les caractères que James prête à cette famille américaine ( naïveté,  générosité, ignorance des usages,  repli sur soi ,  puritanisme ) ne les empêchent pas de loger leurs cousins européens, et de les écouter en dépit de leur méfiance. De nos jours, la connaissance du vaste monde leur aurait moins fait défaut et leur sens de l’hospitalité en eût été amoindri.

Lorsque j’ai lu Daisy Miller ou Les Ailes de la colombe, les portraits des américains tels que les voit Henry James m’ont paru vraisemblables, et ceux-là un peu moins !

 

 

Le séjour d’Eugénie et Félix près de Boston, leurs marivaudages incessants,  ne manquent pas d’intérêt. Il y a beaucoup de parties dialoguées, avec de courtes répliques, bien plus que je n’en ai relevées dans mes précédentes lectures de l’auteur. Des métaphores amusantes et inédites, et des situations cocasses le récit n’en manque pas, mais il n’est pas tout rose, loin de là !

 

 

 L’ensemble est une lecture agréable, sans être aussi intéressant que mes précédentes lectures de James.

 

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17 juillet 2010 6 17 /07 /juillet /2010 13:37

Mère disparue

Titre original Missing Mom, 2005

 

Phlippe Rey, 2007, 289 pages.

 

L’auteur a placé en exergue «  En souvenir de Carolina Oates » ( 1916- 2003) qui fut prbablement la propre mère de l’auteur.

 

La mère du récit Gwendolyn Eaton, ( que l’on surnomme «  Gwen » et aussi « Plume ») organise un propre repas de fête des mère le 4 mai 2004, auquel sont conviées ses deux filles Nikki la narratrice, et Clare son aînée, accompagnée de son mari et de ses deux enfants. Il y a beaucoup d’autres invités, des vieilles tantes, un soupirant de Gwen, une amie de longue date, un révérend,   et même un employé venu  ce matin  pour exterminer les fourmis rouges dans la maison.

La maison de Gwen, c’est un peu la maison du Bon Dieu, elle  cultive une quantité appréciable de relations diverses,  nouées lors d’occupations variées : piscine, cours de loisirs créatifs, bénévolats divers, à la bibliothèque, à l’hôpital, à l’église car elle s’occupe de la réinsertion de délinquants avec l’aide du prêtre de la paroisse.

Dans l’ensemble, des personnes que Nikki supporte difficilement. Sa sœur mariée, embourgeoisée, la vieille amie hypocondriaque, le prêtre assommant, le soupirant ridicule…

Nikki a 31 ans, 25 de moins que sa mère ; elle se considère comme une rebelle, mais cette différence consiste surtout à se vêtir en punk et à en adopter la coiffure, à entretenir une liaison avec un homme marié, à ne pas avoir d’enfant, à être journaliste pour une revue Underground pour laquelle elle interviewe des chanteurs de blues et rock. Rien de bien extraordinaire à nos yeux mais nous sommes dans la petite ville de Mont Ephraïm dans l’état de New-York, une petite bourgade pleine de préjugés d’un autre âge, comme on a déjà pu le constater dans « Nous étions les Mulvaney ».

 

C’était  la dernière fois que Nikki voyait sa mère ; cette dernière va se faire assassiner une semaine plus tard, par un repris de justice dont elle s’occupait plus ou moins, à qui elle confiait de petits travaux. Nikki et sa sœur  l’avait déjà chassé, mais ni Gwen, ni le prêtre de la paroisse qui aidait aussi  à sa réinsertion ne l’avaient perçu comme dangereux.

 

L’action dure un an et consiste pour Nikki à vivre sans  sa mère, à survivre au choc ( c’est elle qui a trouvé le corps), à « faire le deuil » comme on dit souvent. Sauf que le récit s’achève sur es mots «  Ainsi s’acheva la première année où ma mère me manqua », ce qui laisse prévoir un deuil interminable. Nikki  n’ayant pas d’attaches familiales contrairement à sa sœur, et un emploi « à domicile »qui lui laisse du temps, c’est à elle que revient de s’occuper des affaires de sa mère, de s’en rapprocher,  de réfléchir sur le passé de sa mère, sur  sa relation avec elle.

Elle s’installe dans la maison de sa mère, et  s’adonne à certaines de ses activités, notamment apprendre ses recettes de cuisine, fréquenter ses relations, fouiller  dans son passé : elle n’y trouvera rien de très surprenant,  mais tout de même une sorte de réponse au fait que sa mère  se soit montrée bien trop charitable et même imprudente. .. Comment a-t-elle pu ne pas vouloir s’apercevoir que l’individu était dangereux ?

Par- delà cette introspection bienvenue, on peut s’inquiéter que la mère disparue devienne de plus en plus omniprésente. Le fait que la mort de Gwen ait été particulièrement tragique, aide à  ce renforcement de liens.

L’inspecteur qui s’occupe de l’enquête lui promet «  après le procès, votre vie recommencera ».

Ce n’est pas mon avis ! Après le procès, Nikki se rapproche encore plus étroitement de sa mère, au point de partir avec son nouvel  amant au lieu même où se propres parents allèrent en voyage de noces. Heureusement aucun mariage ne semble se profiler à l’horizon !

 

Le roman comprends cinq parties divisées chacune en plusieurs chapitres titrés au moyen de  bribes de phrases ou simples répliques, questions, mouvements d’humeur, exclamations… tout comme la narration qui est pleine de vivacité, à fleur de peau, manifestations de langage familier, dialogues enlevés, avec des passages plus classiques. Bien des scènes sont extrêmement vivantes et bien rendues. La découverte du corps par Nikki est un passage remarquable ; toutes les scènes avec le vieux chat de sa mère, l’amie farfelue et hypocondriaques, les essais de cuisine sont fort  bons.

Mais j’ai passé des pages !  Parce que les problèmes sentimentaux de Nikki, qui tiennent beaucoup de place sont extrêmement ennuyeux.  On est peut-être déçu aussi  que les principaux personnages ( Nikki et feu sa mère) n’aient pas changé à la fin du roman.

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6 juillet 2010 2 06 /07 /juillet /2010 13:28

Tar baby


10/18 ( Domaine étranger)1996, 432 pages

2dition d’origine : Tar Baby, 1981.AB+

 

Titre : Tar baby «  bébé goudron » est  une façon de désigner les noirs pas plus amène que « nigger » ;

 

Un homme en fuite, dénommé étrangement «  Fils » s’introduit clandestinement sur l’île des Chevaliers dans les Antilles, ayant suivi deux femmes.  Il rôde autour de la demeure de Valerian Street, 70 ans riche retraité qui passe ses journées dans une serre à écouter de la musique.

Les deux femmes s’avèrent être son épouse Margaret, qu’il a épousé très jeune et qui ne s’est jamais adaptée à son existance paraît-il facile, et Jadine  une jeune femme métisse nièce des employés de maison qui sert à Margaret de demoiselle de compagnie en attendant de rejoindre la France où elle travaille comme mannequin.

 

Tous attendent Noël et l’arrivée du fils des propriétaires Michael, qui a semble-t-il connu une enfance perturbée au milieu de cette engeance.

 

Mais c’est l’étranger,( «  fils », un surnom qu’il endure depuis toujours) qui sera l’invité-surprise, et va faire exploser le fragile équilibre de la maison, provoquant chez chacun une remise en question. Les employés de maison vont se sentir spoliés et après s’en être pris à l’étranger, vont se dresser contre leurs maîtres. Un autre couple de noirs infériorisés par les domestiques précédemment cités, et méprisés de tous, vont se rebeller à leur manière ; Jadine et l’étranger sont attirés l’un par l’autre, mais ils ne viennent pas non plus du même monde, quoique tous deux afro-américains, et leur union va se révéler problématique.

 

Un roman très riche qui traite de l’affrontement de milieux sociaux opposés, aussi bien chez les noirs que chez les blancs,  dont le rapprochement induit querelles et identification pour certains d’entre eux à d’anciennes révoltes d’esclaves noirs. La lucidité du texte est de montrer que les noirs  se dressent les uns contre les autres,  aussi bien que contre les blancs. La discorde révélée par l’apparition de l’étranger, ne cesse de provoquer des dissensions, des vengeances, que rien ne viendra apaiser.

Un récit vraiment réaliste et un roman social éclairé. J’ai remarqué aussi la façon qu’a l’auteur de faire parler les éléments naturels, en ce qu’ils participent de mythes fondateurs ; au départ dans cette île, des colons saccagèrent la nature, et s’affrontèrent  aux populations indigènes.

 

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9 avril 2010 5 09 /04 /avril /2010 23:52

invisible

Actes sud mars 2010, 291 pages.

 

    Adam Walker, vingt ans, étudiant à l’université de Columbia, rencontre au cours d’une soirée où il s’ennuie, Rudolf Born et son amie Margot, Ils sont trentenaires, Rudolf est déjà professeur, Margot énigmatique femme en noir est sa compagne.

 

Adam étudie la poésie des troubadours provençaux du Moyen-âge et trouve intéressant voire révélateur, que l’homme porte le même nom qu’un de ces poètes,  Bertrand de Born.

 

     Mais Bertrand de Born n’était pas un poète du  fin’amor : c’est la guerre qu’il chantait. Dante l’a envoyé en enfer, dans l’un des Cercles les plus douloureux.

De fait, Rudolf Born, pendant cette soirée, professe des idées d’extrême-droite, qui ne peuvent que choquer le jeune Adam…

 

     A la fin de la soirée, pourtant, l’étudiant et le jeune professeur se sont si bien entendus que Rudolf a proposé à Adam de lui assurer son avenir, en finançant un magazine dont il serait le rédacteur en chef. Deux jours se passent, il lui a signé un gros chèque et il s’efface opportunément à Paris, tandis que Margot lui offre son corps et ses repas succulents…

 

 

Qu’est-ce qu’ils me veulent ?  pense Adam, dans ses instants de lucidité.

 

Rudolf sait trop de choses sur lui ! À quoi doit-il sa bonne fortune, et comment pourrait-elle durer ?

 

Il  est tombé sur un individu à priori animé d’excellentes intentions à son égard mais énigmatique et  qui se révèle l’une des pires rencontres que l’on puisse faire...

 

 

 

 

Ce récit date de 1967. Trente ans plus tard Adam est au bord de la tombe,  et c’est Jim l’un de ses ancien congénères de Columbia, qui vient  de recevoir son texte.  Avant de mourir,  Adam veut écrire le récit de sa vie, pendant cette année 67 qui décida de toute son existence ultérieure. A son ami, il lègue son premier récit et deux autres, le second écrit à la deuxième personne, le troisième conté par un narrateur omniscient, comme si Adam devait prendre du recul face à des événements éprouvants. Ecrit à la va-vite, car il n'a plus le temps....

 

 

 

 

 

Ce roman est typique d’Auster. On y retrouve ses thèmes favoris, pour commencer le problème de l’antisémitisme.

Adam est juif, et ce titre «  Invisible » c’est son sentiment de devoir se dissimuler.  Sa famille portait un nom polonais imprononçable qui a été anglicisé en « Adam Walker » (idem pour Sid dans La Nuit de l’oracle).

L’un des personnages de cette Nuit, se dissimulait dans un abri anti-nucléaire...dont il ne sortait pas, car Sid ne savait pas comment continuer l"histoire.

 

Ici, guidé si j'ose dire ! par l'invisibilité du titre, nous attendons que plusieurs personnages se rendent invisibles, dissimulant leur véritables personnalité, leurs sentiments, leurs actions leurs motivations.

 

C’est vrai surtout de Born, mais les autres vont se révéler plutôt transparents.

 

 

La pluralité de narrateurs-personnages apporte au roman une apparence de complexité. Ici, nous en avons trois : Jim est en train de lire  le récit d’Adam, qu’au début nous croyons être seulement de lui ; on apprend progressivement à quel point Jim peut et doit l’avoir transformé....

 

Deux écrivains amis, dont l’un recueille le récit de l’autre qui ne peut aller plus loin,  va le mettre en forme, et se faire un devoir de  poursuivre des investigations pour mieux comprendre cette existence qui s'offre à lui : c’est aussi plus ou moins l’intrigue de Léviathan qui est ici reprise. Jim devient une sorte de double d’Adam, et nous allons bientôt comprendre que les textes que nous lisons sont à la fois les siens et ceux d’Adam à qui il aura servi de «  nègre » littéraire, volontairement et par amitié.

 Jim devient narrateur à son tour pour raconter sa réception du récit, les événements qui suivirent, ses recherches ultérieures.

Un troisième narrateur intervient, Cécile, qui clôt l’ouvrage …

 

Ces récits à plusieurs voix  sont fréquents chez Auster.

 

A quoi servent-il dans ce cas ? N’aurait-ce pas été plus simple de donner le récit d’Adam et celui de Cécile, et, pour que nous ayons la version de cette femme,  de faire se retrouver Adam et Cécile ?

 

Encore que la version de Cécile n'étonne pas le lecteur, qui avait compris depuis longtemps le personnage de Born. Et ce qui arrive à Cécile aurait pu tout aussi bien arriver à Adam...!

 

Bref, Auster aurait pu se borner à relater le récit d'Adam, l'année 1967, puis le retrouver plus tard pour une ultime confrontation peut-être plus décisive que celle qui oppose la narratrice Cécile à Rudolf Born. Cécile reste un personnage secondaire dont on n'attend pas grand chose. Je ne vois pas l'intérêt d'avoir rendu Adam incapable de continuer sa narration.  Le fait que sa soeur nie une partie de son récit la concernant ne m'a pas intéressée non plus. Cette soeur, belle, brillante, surdouée, nous-dit-on,  n'a rien de surprenant dans les mots...

 

D'autres personnages ne tiennent pas leur promesse, notamment Margot, qui s'avère n'être rien de plus que ce qu'elle paraissait au départ...

 

 

Auster cherche à déconcerter le lecteur.

Ce n'est pas nouveau, et l'on aime bien qu'il nous "perde" ainsi.Si  le jeu en vaut la chandelle... je ne suis pas sûre que ce soit le cas dans ce nouvel opus.

 

 

Le thème de l’inceste,  je ne me souviens pas de l’avoir déjà rencontré chez Auster ( mais je suis loin d’avoir tout lu de lui). Remarquons aussi les descriptions d’actes sexuels frénétiques, et l’importance qu’Adam accorde à la sexualité.  Ces descriptions ne sont pas ce que j’ai préféré dans le roman ; je ne les ai pas trouvées originales. Peut-être n'est-ce qu'un début, et allons nous découvrir un Auster plongeant dans l'érotisme, sur le tard. Je doute qu'il y excelle...

 

 

 

 

 

Narration, description et dialogues sont pourtant bien équilibrés.

Les parties plus anecdotiques du récit concernant la vie quotidienne des personnages sont étonnamment justes. Notamment, j’ai aimé la façon dont Adam Walker relate son expérience de magasinier dans une bibliothèque universitaire. Pour  avoir connu moi-même une pratique similaire, je ne peux que saluer la remarquable pertinence du propos.

 

Dans  l’ensemble ce roman est  mieux construit   que «  Seul dans le noir », plus cohérent, dans la mesure où le fil conducteur est le personnage  de Rudolf Born, fil qui n’est jamais perdu de vue.

 

Bonus!  trois extraits d'Auster façon érotique :

 

1) Margot dévêtue révélait sa minceur presque sa maigreur, de petits seins d'allure adolescente, des hanches menues, et des bras et jambes nerveux.Une bouche pulpeuse, un ventre plat au nombril légèrement protubérant, des mains tendres, un buisson touffu, des fesses solides et une peu d'une blancheur extrême... Margot était si au fait de l'art de mordiller, de lécher et d'embrasser, si peu réticente à m'explorer des mains et de la langue, à attaquer, à se pâmer, à se donner sans coquetterie ni hésitation qu'il ne me fallut pas longtemps pour me laisser aller.

 

 

 

2) Gwyn la soeur d'Adam déclare : j'adore le corps des hommes, et j'éprouve une affection particulière pour cette chose qu'ils ont que les corps féminins n'ont pas. Etre avec une femme est assez agréable, mais ça n'a pas la force d'une bonne vieille culbute hétéro à l'ancienne.

 

3) ... elle trouve fascinante la toison qui est apparue sur ta poitrine et considère avec un intérêt inlassable la mutabilité de ton pénis : membre inerte et ballottant tel que le décrivent les manuels de biologie, titan phallique dressé de toute sa taille à l'acmé de la bandaison, petit être rétréci et épuisé lors de la retraite post-coïtale. Elle qualifie ta bite de spectacle de variété... emportée par la monte de l'orgasme, elle a tendance , toutefois, à revenir aux utilités contemporaines, recourant pour exprimer ce qu'elle ressent aux mots les plus simples et les plus crus du lexique. Con, chatte, baise. Baise-moi, Adam. Encore et encore... pendant un mois entier tu vis en captif de ce mot, prisonnier volontaire de ce mot, incarnation de ce mot.

 

 

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20 février 2010 6 20 /02 /février /2010 00:20

vann-Suckway Island

Gallmeister, 192 pages

 

    Jim et son fils de treize ans, Roy, sont partis vivre en Alaska sur une petite île , pour un an.  Une cabane les y attend.

 

Ni eau courante, ni électricité, un poêle rustique, et pour tous moyens de communications avec l'extérieur, une radio élémentaire, un avion d'approvisionnement qui passe de temps à autre, et  la possibilité d'allumer des feux de détresse.

Ils devront vivre de chasse et de pêche comme les anciens pionniers, apprivoiser l'île.

Ceci est présenté à Roy comme une aventure, mais le jeune garçon est loin de se sentir enthousiasmé. Son père et sa mère ont divorcé, il est à la garde de la mère, et, sans que l'on sache pourquoi, celle-ci l'a encouragé à partir avec son père, bien qu'elle n'ait nullement confiance en lui.

 

L'expédition n'a pas été bien préparée par le père, et dès l'arrivée, de multiples problèmes pratiques se posent, que Roy doit apprendre à résoudre aussi bien que Jim, comme un adulte.

 

Ce ne serait rien si le père ne souffrait d'une instabilité de caractère qui confine à la manie-dépressive. Toutes les nuits il pleure, raconte à Roy sa vie conjugale compliquée , exprime son désespoir. Le matin, il est de très bonne humeur, le soir il s'assombrit avec la tombée de la nuit.

Tantôt il parle beaucoup, tantôt il est silencieux pendant trop longtemps, mais Roy est sûr d'une chose : son père ne s'adresse jamais vraiment à lui, il ne fait que monologuer...Pire, il ne l'a pas intégré mentalement comme son fils, peut-être même pas comme un être humain à part entière...

Il s'absente fréquemment physiquement ou mentalement , organise des expéditions fort longues en plein hiver, et met leur vie en danger. Un jour, il tombe dans un ravin, chute probablement voulue... Roy se défend comme il peut, fait preuve de sans-froid et d'organisation.... mais on sent qu'un nouveau drame pourrait se produire.

 

J'ai bien aimé la première partie du roman. La relation impossible entre Jim et Roy est présentée avec justesse et intelligence. Le récit est sobre, sans effet de style, et sans beaucoup d'originalité non plus, mais les descriptions sont claires, les mots précis, les réflexions du jeune adolescent intéressantes. D'autre part on attend un événement et la tension entre Jim et son fils monte graduellement avec efficacité. On s'attache beaucoup à ce garçon, très lucide pour son âge.

 

Ce qui arrive à la fin de la première partie m'a beaucoup surprise. Effrayé et déstabilisé, Roy me paraissait  tout de même avoir suffisamment  de bon sens et de solidité...

La deuxième partie m'a semblé ennuyeuse, et je l'ai survolée plutôt que lue. Au début, le changement de situation présente de l'intérêt : comment Jim va-t-il réagir à propos de Roy? Nous avons quelques pages bien rendues, et assez insoutenables.

Si le récit s'interrompait là, nous aurions une longue nouvelle plutôt réussie.

 

Mais les errements de Jim continuent inlassablement, sans rien apporter de plus que dans la première partie. Il ne fait que se répéter. L'action progresse certes, mais je ne me suis pas intéressée au devenir de ce personnage, allez savoir pourquoi...!

l'écriture n'est pas suffisamment attrayante pour que l'on suive avec intérêt une deuxième partie dans laquelle il n'y a plus d'enjeu, et quasiment plus d'intrigue.

 

  De bons billets sur Sukwann Island :

 

In Cold Blog( interview de l'auteur)

 

Avis positifsMartine   

Ys

Keisha

Cuné  

 

Avis plutôt négatifs :  

Fashion 

  Mango 

 

 

 

 

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6 janvier 2010 3 06 /01 /janvier /2010 16:12

 

1964, 535 pages ( édition Folio)

 

L' un des romans les plus célèbres de Saül Bellow( 1913-2005), romancier  américain juif et russe, prix Nobel de littérature 1976.

 

Moses Herzog, professeur à l'université de Philadelphie s'est mis en congé et a regagné le Berkshire, Ludeyville, où il a acheté une maison de campagne. Divorcé d'avec Madeleine, il s'inquiète de sa petite fille Junie, dont son ex-épouse a la garde.

Il ne fait pas confiance à Madeleine qu'il juge à présent  un produit navrant de l'intelligentsia américaine, ni à ses caprices, sa soudaine conversion théâtrale au catholicisme ayant précipité le divorce. Quant à son nouvel ami Gerbach, ce « poète des medias », c'est vraiment un pauvre type...

 

La principale activité d'Herzog est la pratique assidue du soliloque. Il revit son passé en zigzag, au hasard des rencontres et des idées qui lui traversent l'esprit.

Chaque soliloque aboutit à un début de lettre, un ou plusieurs pages: le destinataire est soit l'un de ses proches vivant ou mort, soit un de ses maîtres à penser qu'il a longtemps étudiés et dont il doute à présent. Des missives seront ansi destinées à Tocqueville, Nietzsche, Spengler, Roosevelt, Spinoza... et Dieu lui-même plus d'une fois!

 

Autrefois occupé à une thèse intitulée «  Romantisme et christianisme » , il en est détaché aussi. Il faisait confiance à Tocqueville , mais ne sait plus si les Romantiques ont vraiment tort , s'en lise dans les contradictions et se le répète. Il a » du mal » avec Hegel.

 

 

Subitement, il quitte le bled où il se morfondait, gagne Vineyyard, banlieue New-yorkaise , pour aller voir d' anciennes maîtresses, rumine de sombres pensées concernant sa fillette, qu'il suspecte de plus en plus d'être maltraitée. Il se rend chez son avocat Smirkin, pour lui demander son avis. En effet, lorsqu'il se sentait dépressif, Herzog a fait de Valentin le tuteur de sa fille, et l'a nommé exécuteur testamentaire. Grave erreur, se dit Moses, à présent persuadé que Madeleine et Valentin sont irresponsables et dangereux. Autrefois, c'était lui-même qu'il considérait comme irresponsable...

Dans la salle d'attente de Smirkin, il voit un couple accusé de tentative de meurtre sur leur enfant de trois ans qu'ils on fracassé contre un mur. Fortement secoué, Herzog décide soudain d'aller chercher Junie , décidé s'il le faut à tuer Madeleine et Valentin Gersbach...

 

Cinq jours de la vie d'Herzog nous sont ainsi relatées à la troisième ou à la première personnes, cinq journées décisives, en sept chapitres, une crise et son dénouement.

Les pensées d'Herzog, ses règlements de compte avec les penseurs qui forment son horizon intellectuels , et avec ses proches, se télescopent avec ses déplacements dans le réel. Il va d'un endroit à l'autre dans le réel comme dans ses souvenirs.

 

C'est un roman autobiographique ( celle du personnage Herzog, qui forcément, s'inspire de l'auteur).A partir de cette crise, c'est toute sa vie qu'Herzog évoque, ses parents, ses mariages ratés, son parcours intellectuel qui ne lui plaît pas. Nous avons un tableau des mœurs de son époque, de différents couches sociales, de personnages très variés. Le monde du spectacle est satirisé, représenté par Gersbach animateur de télé, et Madeleine, plus actrice dans la vie qu'à la scène, une très jeune femme qu'Herzog a épousée par attirance sexuelle, mais avec qui il ne pouvait guère s'entendre...

 

L'humour est la principale qualité d'un tel roman. Les lettres qu'Herzog commence à rédiger sont souvent à mourir de rire. Lui-même moque plus ou moins sa personne et son parcours. 

 

Saul Bellow est aussi l'auteur des " Avventures d'Augie March" roman picaresque, dont le héros est assez proche d'Huckleburry Finn.

 

.

 Une autre lecture  sur le blog de Phil

 

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7 novembre 2009 6 07 /11 /novembre /2009 00:46

The Crying Of Lot 49, 1 er publication mars 1966; traduction en 1987 au Seuil( Fiction & Cie).  

 

Oedipa Maas, l'héroïne, s'ennuie avec quelques amies à une tupperware party. Elle a trop bu.

De retour chez elle, une lettre l'attend pour l'informer de la mort de son ex-amant Inverarity Pierce, promoteur immobilier. Il l'a nommée exécutrice testamentaire, ce qui lui vaut de devoir se rendre à San Narciso ( Californie) pour s'occuper de l'affaire.

 

A San Narciso, elle va rencontrer Metzger autre exécuteur testamentaire. Il faudra vendre l'immense collection de timbres appartenant à Pierce.

Du temps où elle fréquentait cet individu, sa collection l'irritait .A présent, elle trouve sur chacun d'eux le dessin d'un cor postal muni d'une sourdine. Ce dessin, elle l'a vu aussi plusieurs fois sur les murs de la ville ainsi que dans les toilettes d'une auberge avec l'inscription WASTE, un nom ou un acronyme?


Un certain Mike Fallopian au bar du Scope lui conte l'histoire de soldats pris dans une embuscade en Italie, «  des postiers de l'armée » dont on repêcha les os après qu'ils se furent noyés; Lesquels os furent vendus à diverses firmes et servirent à fabriquer des filtres à cigarettes : une société que Pierce exploitait.


Avec la sympathique compagnie, des Paranoïds groupe de rock fondé par de vrais quadruplés ,elle    

assiste à une pièce élisabéthaine «  la Tragédie du courrier »particulièrement sanglante.

L'héritier d'un duché italien, Niccolo, menacé par la famille de son demi-frère bâtard, et tenu à la clandestinité, s'est enrôlé comme postier; il est assassiné par des brigands .


Oedipa médite sur des vers apparemment obscurs «

 Comme Thun and Taxis celui que l'on connut

Tombe sous le stylet toujours par thorn tenu

Tacite désormais pose sa corne d'or

Nulle étoile sacrée ne veille quand il dort

Sur l'ancien compagnon du pauvre Trystero.

 

Le nom de Trystero l'interpelle, bien qu'il ne soit prononcé qu'une seule fois dans la pièce. Il lui faut savoir qui est ce personnage.

Dès lors l'interprétation du testament de Pierce va se confondre avec le possible déchiffrement de ce nom « Trystero », et la démarche d'Oedipa devient une quête fort complexe.

 

Mi résultat d'enquête, mi affabulation de sa part, elle finit par établir qu'un réseau de courrier postal clandestin s'est développé en Europe au 15eme siècle. Le service postal du Saint-Empire romain germanique » Thun and Taxis » fut doublé par un certain « Trystero », l'héritier déshérité d'un membre honorable et décédé dudit service postal.

Ses compagnons et lui pervertirent le service postal ordinaire, soit en volant le courrier , soit en attaquant les messagers officiels, soit en intervertissant les lettres aux destinataires... l'emblème du réseau Trystero fut ce ce cor muni d'une sourdine.

 

Héritier déshérité, imposteur, trafiquant de timbres, bandit des grands chemins,

ancêtre des «  amoureux anonymes », de part sa parenté phonétique avec Tristan, qui fut Trystero ?

 

Oedipa ( Oedipe au féminin) se débat dans une foule de messages mystérieux. Elle attend du «  système Trystero » l'expression d'une marginalisation étouffée depuis longtemps.

 

Ce mystère devrait s'éclairer avec l'apparition de l'acheteur du lot de timbres.

«  49 » est aussi l'âge de l'auteur lors de la parution du livre ( Pynchon est né en 1937).

 

 

 

«  Si Trystero n'est rien alors l'Amérique est fichue » dit Oedipa dans un long monologue final. Elle s'est entichée et nous la comprenons de ce héros marginal mythique et pense qu'il se manifestera par delà les siècles pour lui apporter un Message Essentiel.

 

Pourtant, la reconstitution au fil des siècles du système Trystero ( qui n'est autre que la métaphore de la littérature selon Pynchon ,autre langage que l'officiel, messages parallèles et codés, invention d'une autre vie «  souterraine »; tiers exclu de la société, perversion des messages officiels,...) souffre bien des lacunes.

En effet, notre triste héro-ïne,Oedipa, est amateur de boissons forte : durant toute l'histoire, elle ne dessaoule pas, et ses interlocuteurs non plus,quitte à se pinter...au vin de pissenlit, lorsqu'ils ne trouvent rien de mieux!

 

Dans cette œuvre ouverte ( au sens d'Eco) le nombre de sphinx consultés est élevé : tous se piquent de savoir quelque chose

Il est vrai que souvent c'est l'héroïne qui les met au défi de lui apprendre quelque chose et sollicite des histoires...

 


 

 

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